Ma fic...

CHAPITRE 11

Beaucoup de jeunes SOLDIER venaient de graduer. Et de manière surprenante, ils avaient tous été affectés à Junon. Zack croyait sincèrement que le président les avait tous envoyés là seulement pour qu’il y ait de chair à canon pour les rebelles de la cité militaire, et cela l’écœurait réellement. Il n’était pas le seul non plus. Sephiroth, qui était coutumier des déplacements stratégiques de la ShinRa sur cet échiquier géant qu’était la Planète, détestait les idéaux cruels du président. Il savait aussi que Rufus, son jouet, n’aimait pas ce genre de décisions. Mais que faire d’autre? Qui oserait s’opposer à la plus grande compagnie d’énergie et d’armement du monde? Ainsi donc, cette après-midi-là, affichant tous deux un air horriblement ennuyé, Sephiroth et Zack passaient par chaque nouveau soldat, lui posaient des questions et continuaient. Bien sûr, il allait de soi que si l’interrogation était mal répondu, l’un des deux première classe s’occupait du fautif en question. Pour les deux amis, ces activités presque normales les ennuyaient à fond, bien qu’elle fussent importantes.

- Alors, qu’est-ce que tu choisis entre ta vie et la Compagnie?

-… Les deux, puis que la Compagnie, c’est ma vie!

Zack se détourna pour observer mesquinement son supérieur, qui regardait d’un air accusateur la jeune soldate au cheveux bruns et aux yeux ambrés comme ceux d’un faucon. D’après sa plaque d’identification, elle s’appelait Jessy. Et d’ailleurs, en lisant bien son dossier, elle s’était révélée experte en explosifs, ce que Sephiroth jugea intéressant, venant d’une jeune fille qui paraissait fragile comme elle.

- Intéressante réponse, soldat, déclara Zack. Mais j’espère que vous n’entendez pas par là que si vous mourrez, ce qui ne surprendrait personne ici, la Compagnie se dissoudra, vu votre affirmation de tout à l’heure.

- J’espère, monsieur, que vous plaisantez. Jamais je n’oserais mettre ma vie avant les volontés de cette bonne vieille tête de Chocobo de président ShinRa.

Sephiroth l’apprécia sur le champs. Elle avait de l’audace cette fille. Une main de fer sous un gant de velours! Imposant comparé à elle, il lui donna une claque amicale sur l’épaule.

- J’espère vous avoir dans mes troupes un jour, deuxième classe, lui dit-il, fièrement.

Zack était content que son ami, qui, quelques années auparavant, n’aurait jamais oser poser de geste amical envers qui que ce soi, ait changé. C’était un bon général, malgré sa sévérité, son autorité et bien sûr ses gestes quelques peu agressifs… Cette simple pensée le fit sourire. En effet, lorsque Sephiroth n’aimait pas quelqu’un, il avait le don de s’acharner dessus si celui-ci se trouvait dans son chemin. Ils marchèrent devant la longue lignée de jeunes gradués, en choisissant soudainement au hasard le prochain interviewé. Sur une centaine de garçons, à peine deux ou trois filles se tenaient debout. Lorsqu’on entrait à l’Académie SOLDIER, il était tout de suite dit que seuls les plus forts survivaient. Les rapporteurs étaient renvoyés, aussi bien que ceux qui étaient trop faibles pour se défendre ou trop peureux pour se battre. L’école avait comme politique de laisser les enfants régler leurs propres problèmes eux-mêmes, les endurcissant terriblement. Si tu n’étais pas avec un, tu étais contre lui, et là, tu te prenais probablement la volée de ta vie lorsque cette personne était dans la bande dominante. Oh! Combien les enfants pouvaient être durs et méchants! Zack le savait. Sephiroth le savait. Eux qui avaient soufferts de ce régime infernale où tous et chacun agissait selon ses propres règles, ils s’étaient frayés une place parmi les plus forts. Tant et si bien qu’ils étaient devenus des pièces importantes du jeu de la ShinRa. C’est pourquoi Zack se demanda un instant quel genre de filles pouvait survivre dans un monde de garçons, ou tout le monde se battait, presque pour tuer l’autre. Ils s’arrêtèrent devant un adolescent blond, que le jeune soldat aux cheveux de jais reconnu sur le champ. Si le grand homme aux yeux d’émeraudes était son meilleur ami, celui-là était son protégé. Sephiroth jeta un coup d’œil rapide au nom du jeune homme; Cloud Strife. Yeux bleus profonds, pas très grand, mais possédant toujours cet air sérieux que tous lui connaissaient si bien, il se tenait droitement face à son général, beaucoup plus grand.

- Strife, la ShinRa, ou toi? demanda Zack avec un sourire étrange, devançant son commandant.

- La Compagnie, répondit toujours aussi sérieusement Cloud, pourtant incroyablement stressé maintenant qu’il avait devant lui son idole de toujours; Sephiroth.

Un rictus moqueur apparut sur les lèvres de l’idole des idoles. Pourquoi fallait-il être aussi lèche-botte pour survivre, en ce bas monde?

- Et pourquoi donc? demanda-t-il, piqué par la curiosité à cause de la bienveillance soudaine de Zack.

- Car ma vie elle-même n’a plus aucun but à part servir les intérêts immédiats de la ShinRa.

Un désespéré qui s’est enrôlé dans l’armé, intéressant, pensa le grand homme. Il passa devant Cloud et entendit Donovan derrière lui, qui murmura à son autre compagnon : « Bonne chance, Cloud ». Il continuèrent à interroger tous les autres, et puis, une fois la journée finie, les deux allèrent dans leur tente respective. Le deuxième jour était enfin terminé. Zack, seul et allongé sur son sac de couchage, se mit à penser. Lorsqu’il était en mission à Junon, il était toujours incapable de dormir. C’était plus fort que lui! L’inconfort de la place le faisait souffrir, et c’était dans ses temps-là qu’il réfléchissait intensément. De ses yeux verts il scruta la toile bleu marine de son abri et se surprit à envier Sephiroth. Il avait une maison à lui, quelqu’un qui l’attendait, un bon job, beaucoup d’argent, la popularité, l’intelligence… tout quoi! Mais jalouser son meilleur ami! Il se maudit d’avoir simplement pensé à ça. Son chef était un homme triste qui souffrait dans son cœur, et il le comprenait. Qui savait ce que Hojo lui avait fait endurer comme souffrances dans sa jeunesse? Seph était lui aussi chanceux, il avait Zack pour se soucier de lui. Il avait Zack comme ami!

CHAPITRE 12

L’horloge indiquait dix-neuf heures et Riny s’était encore une fois endormie sur le fauteuil, enveloppée dans une couverture, un livre à la main. Encore plongée dans un rêve, elle se retourna dans son sommeil. La jeune fille avait lu toute la journée et avait regardé la télé, souffrant de la solitude. Le temps avait été si long quand elle était seule. Vivement le retour de son gardien! Au dehors, le ciel nocturne était ennuagé et on ne pouvait pas voir la lune et les étoiles. Il faisait plutôt froid pour une nuit de début d’automne. Un vent frais faisait se balancer les branches des arbres et le calme régnait en ces lieux. Logiquement, un orage se préparait, car l’air était lourd. Un bruit de moteur retentit soudain, puis s’arrêta aussi brusquement qu’il était apparu. Près de la grande résidence se tenait une forme sombre donc les cheveux dansaient au gré du vent chaud. Quelques gouttes de pluie s’écrasèrent sur son visage, alors qu’il fixait les nuages. Puis ce fut l’averse totale! En à peine deux ou trois secondes, ses vêtements de cuir noir furent trempés à fond. Sephiroth descendit de sa moto et, attrapant ses clés, il poussa la porte après l’avoir débarrée. Il secoua sa veste pleine d’eau, mouillant le tapis d’entrée en grande partie. La maison était silencieuse tandis que dehors, le tonnerre rugissait. Comme les Turks avant lui, il aperçut la forme de Riny, sous une couverture, sur le futon. Le grand homme tordit ses cheveux pour en enlever l’eau. Il observa ensuite avec attention la masse informe de la jeune fille enveloppée. Il sut qu’elle respirait en voyant se soulever doucement le drap qu’elle avait dû voler sur son lit à elle. Pour ne pas réveiller Riny, son protecteur monta directement à sa chambre, ayant toutefois prit le temps d’enlever ses longues bottes pleine de boue. À première vue, tout lui semblait parfaitement en ordre, sans que rien de spécial ne se soit passé. Sephiroth avait malheureusement la très mauvaise habitude de généraliser en tout. Et lorsque le mot adolescent apparaissait dans une phrase, le mot indiscipline le rattrapait de peu. Bien sûr, comme tout le monde, il avait passé par là, mais n’avait pas eu de grands parties ou autre truc du genre. Et il n’était pas le seul! Toute une agglomération de gens avaient eu la même jeunesse que lui. Mais lui-même ayant enseigné à de jeunes SOLDIER qui débutaient dans le métier, il s’était fait sa propre opinion sur eux. Il enleva son grand manteau, posa Masamune au bas du lit puis défit sa nouvelle armure, ayant laissé l’autre à Junon. Il passa ensuite à l’amas de ceintures et de soutiens qui l’aidait habituellement à ranger son sabre et les jeta négligemment sur le sol, n’y prêtant pas attention. Ce fut par la suite le tour de ses gants de cuir, qu’il posa sur sa table de chevet. La jeune fille avait-elle dormi sur le sofa durant les trois jours de son absence? Il espérait simplement qu’elle ne s’était pas rendue malade de solitude, ce qui l’aurait un peu trop surpris. Peut-être aussi ne serait-elle pas contente de le voir, tout simplement. À cette réflexion il s’assombrit. Zack avait raison, on finissait toujours par s’attacher. Mais, contrairement à ce que pensait Rufus, ce n’était pas le grand amour! Riny était une adolescente qui venait de passer les quinze ans et lui, il venait de passer les vingt-trois. Et d’ailleurs, il ferait un bien mauvais fiancé. Sa dernière déclaration intérieure le fit sourire puis il repensa à ce que Rufus avait dit. « Est-ce le gros lot ou comptes-tu lui faire la même chose qu’à cette fille au Gold Saucer? » Son sourire disparut. Rufus tenait vraiment à faire remonter le mauvais. Sephiroth ne se pardonnait pas facilement ses erreurs, et celle-là en avait été une grosse. Rien qu’y penser emplissait son cœur de regrets. Il se souvenait parfaitement de tous les détails. Tout s’était passé pendant une mission sur le deuxième continent, dans la ville des jeux. Là, il avait rencontré une jeune adorable serveuse rousse avec de grands yeux bleus verts qui s’appelait Molly. Zack avait tout de suite décidé de rapprocher son meilleur ami et la fille. Et puis elle était tombée amoureuse de lui, qui ne partageait pas vraiment ses sentiments à dire vrai. Mais Molly était tellement charmante. Le grand soldat l’avait bien aimée, en fin de compte. Seulement, après quelques jours, tous les SOLDIER étaient repartis avec leur général, et il n’avait rien laissé à la fille. Aucun numéro, aucune adresse, aucune lettre… Rien. Et pendant la semaine suivante, il avait appris par un employé qu’elle avait fait une tentative de suicide, et n’avait pas raté son coup. Seph savait bien que c’était sa faute, et il le regrettait amèrement. Il chassa l’histoire de ses pensées, se sentant coupable. Finalement, une fois tout l’uniforme enlevé, il repassa d’autres vêtements plus confortables, puis redescendit en bas pour manger quelque chose. Seulement, au moment où il allait descendre par les escaliers, il entendit des pas lourds. Il continua son déplacement pour rencontrer Riny. Les paupières lourdes, son drap enroulé autour de sa taille comme une jupe, les cheveux emmêlés, le visage pâle et ses bras frêles croisés sur son ventre, la faiblesse de l’après sommeil émanait d’elle-même. Elle leva les yeux vers lui pour simplement sourire, les yeux brillants, hocher la tête et retourner se coucher à petites enjambées. Décidément, elle était très fatiguée. Il aurait voulu l’aider à marcher, mais elle s’en révéla capable. Sephiroth fut certain qu’au moment même où sa tête toucha l’oreiller, elle s’endormit à nouveau. Il s’avança un peu, vérifia si elle s’était effectivement assoupie, puis s’aventura dans sa propre salle à manger. Distrait, il remarqua qu’il n’y avait aucune vaisselle à laver et qu’aucune nourriture quelconque ne traînait. Avec un air douteux, le grand général de la ShinRa se demanda si l’adolescente avait mangé quelque chose, puis il se rassura en remarquant qu’une boîte de craquelins qu’il n’avait lui-même pas touchée était vide. Il la jeta et saisit des galettes de riz pour les engouffrer presque toutes rondes. Tout ce qui lui tomberait sous la main ferait. Il but ensuite du jus d’orange puis alla s’asseoir dans un fauteuil près de Riny, qui dormait profondément. Tout en pensant, ses yeux fixèrent intensément l’ensommeillée près de lui, détaillant chaque trait de son visage, chaque mèche et chaque repli de la couverture qui la cachait. Trois jours avaient semblé longs malgré l’occupation. Était-il possible, que lui, l’indifférent soldat, se fut ennuyé? … Nah! Jamais de la vie! Il n’était pas un de ces cinglés dont le cœur se serrait lorsqu’ils étaient à cinq mètres de leurs meilleurs copains. Il ricana doucement. Pourquoi Zack lui avait-il appris toutes ces conneries? Être sympathique, ça ne faisait pas parti de lui. Et l’autre qui l’avait convaincu à vivre de l’amitié. Donovan avait du talent pour avoir réussi à l’atteindre lui, le Grand Sephiroth. Il repensa à multiples souvenirs datant de l’époque où il vivait en appartement dans le QG de la compagnie. Qu’est-ce que le jeune soldat aux cheveux aile de corbeau n’aurait pas fait pour lui? Il avait même frappé Hojo là où ça faisait mal pour le simple plaisir de le réconforter. Sans oublier la fois où son jeune associé lui avait fait acheter une cafetière automatique parce qu’il était incapable de se faire du café buvable autrement… Garder quelqu’un comme Zack près de soi, c’était la meilleure chose à faire. Comment apprécier votre voisin d’appart, cours 101? Seph avait été bien content d’apprendre ce que c’était d’avoir des amis. Enfant, il n’aurait jamais cru cela. Surtout avec cette bande de morveux qui se moquaient de sa gueule. Ils avaient finalement mangé leur dû, mais certains restaient impunis… Pendant quelques secondes, il repensa à ce salaud d’Heidegger, qu’il n’avait jamais pu frapper comme il l’aurait voulu. Et Scarlet. Que dire de cette vendue? Celle qui avait la réputation d’avoir eu à sa merci tous les plus grands hommes influents de la ShinRa. Elle n’avait pourtant jamais touché à lui ou à Tseng. Elena en était sûrement ravie. Lui aussi d’ailleurs. Shion était trop respectable pour tomber entre les griffes de cette tigresse. Et le président de la ShinRa, ce gros porc à l’argent qui ne méritait qu’une bonne correction? Celui qui avait dit devant le conseil que la guerre était bonne car on faisait beaucoup de fric grâce à elle. Damné soit-il, espéra le général. Un jour, il espérait que quelqu’un allait lui apprendre des choses qu’il avait dédaigné trop longtemps. Comme s’occuper de son fils comme tout autre père par exemple. Bien que Rufus soit devenu quelqu’un de prestigieux du point de vue de Seph. Tous disaient que le président avait assassiné sa femme, et cela ne l’aurait pas surpris. Quand ils étaient jeunes, le vice-président rechignait trop à parler de sa mère… Comme lui-même d’ailleurs. Ne restait plus qu’à organiser la tronche d’Hojo. Celui-là, le veinard, il aurait sa fête. Il serait probablement le premier à y passer. Et ce, pour l’avoir fait souffrir et l’avoir emmerdé trop longtemps. Pour l’instant, il valait mieux ne rien risquer à cause de son poste important de premier scientifique. Néanmoins, il paierait les souffrances infligées au plus grand combattant de tous les temps. Et Sephiroth savait parfaitement comment. Ce genre de meurtre dont il se délecterait… Le fait simple d’imaginer ce minable en train de le supplier, recroquevillé sur le plancher de son laboratoire adoré Masamune sous la gorge le faisait jubiler. Et Jenova, ce nom à lequel il pensait si souvent. Cette appellation que l’on associait à sa mère, qu’il n’avait jamais vu et dont il ne savait rien. Une autre sans cœur qui l’avait abandonné? Pas étonnant, il était habitué à la longue, d’être délaissé par tous ceux qui aurait dû lui être chers. Et cette femme la première. Qui était-elle? Et pourquoi l’avoir laissé entre les mains d’Hojo? Toutes des questions dont les réponses étaient inconnues. Mais une chose était certaine. Béni était le jour où l’homme au cheveux d’argents était entré à l’Académie ShinRa. Ses réflexions trop poussées, il se damna pour certaines, car cela ne lui ressemblait pas habituellement de penser au lieu d’agir sur le champ. Il mettrait ses plans à exécution aussitôt qu’il en aurait la chance. Et il cesserait aussitôt de se prendre pour un ange de la mort et de décider du sort de tout le monde. Cela l’écœurait profondément. Tout ce que Sephiroth voulait, c’était se venger, ni plus, ni moins. Lui-même un peu fatigué de son voyage en moto, il ferma les yeux, puis s’endormit à son tour, d’un sommeil pourtant léger.

A quand la suite???

J'ai touours pas fini de lire moi alors t'as le temps ^^'

lol, moi je l'ai en version Word et j'ai eu la chance de l'avoir par petit bout, alors c moins décourageant lol XD

CHAPITRE 12 PART 2

Les rayons chauffants de l’astre solaire éveillèrent les sens de Riny. Elle bailla et s’étira paresseusement, bien reposée de sa nuit dernière. Mentalement, elle ressassa son réveil nocturne pour simplement voir Sephiroth, qu’elle avait salué d’ailleurs. Dehors, la journée s’annonçait belle même si l’orage de la veille avait laissé le paysage trempé. La température était plus chaude que la soirée d’avant et le ciel d’azur laissait voir le soleil haut dans les cieux. L’adolescente risqua un coup à l’heure. Déjà la moitié du jour de passé? Il était midi! Près d’elle, son gardien ouvrit les yeux, et croisa son regard un peu affolé par l’heure avancée. Elle se demanda elle-même pourquoi le fait qu’il soit midi la stressait tant, mais aucune réponse ne vint l’éclairer, seulement un soulagement immédiat en fixant son protecteur. Un sentiment contraire à celui de l’abandon. Quelque chose de profond qui rassurerait n’importe qui d’autre. Elle était heureuse qu’il soit là, tout près, à portée de main. Elle n’était plus seule. Trois jours, c’était bien peu, mais la jeune Utaïenne trouvait cela trop. Ne plus avoir besoin de ne se faire confiance qu’à soi, ce sentiment de sécurité, elle voulait le ressentir à jamais. Quitter son nouveau foyer serait impossible pour deux raisons logiques et morales. Premièrement, car Utaï lui en voulait à mort et deuxièmement, car subir un autre changement ne l’intéressait aucunement. Le grand homme se leva et, la dominant de toute sa hauteur, lui sourit aimablement avant de se rendre à la cuisine, sûrement pour faire du café. L’expatriée se mit debout à son tour et alla le rejoindre d’un pas léger. Sephiroth, qui se faisait du café d’un air concentré dos à elle, lui demanda subitement, un peu moqueur :

- Le temps a-t-il été bien long sans moi?

Riny, un peu gênée par la question, chercha quelque chose de convenable à répondre. Quelque chose qui ne le choquerait pas et qui ne le flatterait pas trop.

- Et bien… un peu…? eût-elle l’air de questionner, comme si ce genre de réponse était probablement inopportune.

Une tasse fumante à la main, le grand homme se détourna et alla s’asseoir au comptoir, où Riny siégeait déjà. Les yeux fermés, il semblait plongé dans ses réflexions. Puis, soudainement, après un coup d’œil rapide à la fenêtre, il se tourna vers l’adolescente, presque radieux.

- Ça te dirais te sortir un peu de cette prison?

Ébranlée par la proposition et par le fait qu’il l’eut tutoyée, l’orpheline fut tentée de lui sauter au coup, mais ne se voulant pas embarrassante, elle se contenta de rester pétrifiée sur place. Cela faisait environ un mois entier et quelques semaines qu’elle n’était pas sortie un peu dehors. D’ailleurs, elle connaissait chaque coin et recoin de la résidence. Puis, incapable de se retenir plus longtemps, elle explosa de joie et remercia frénétiquement Sephiroth, qui, surprit de la voir dans cet état, ne savait plus comment réagir non plus. Il se leva et la prit par les épaules. Comme à leur première rencontre, ses yeux plongèrent dans les siens et il sourit de la voir ainsi, remplie de bonheur. Il repensa à la nuit précédente, où, faible et vulnérable, l’expatriée lui avait jeté un regard ravi. L’idole de la Planète la contempla un instant avant de finir sa tasse de café d’un trait. Puis, il se dirigea à l’étage et y disparut. Riny, un peu perplexe, monta à son tour pour aller se vêtir, son cœur palpitant toujours de son enchantement d’enfin aller prendre l’air ailleurs! S’habillant un peu plus chaudement à cause de la nouvelle fraîcheur de l’automne, elle soupira légèrement, incapable de penser à autre chose qu’à sa sortie. Le fait simple de mettre le pied à l’extérieure de cet endroit la faisait jubiler. Elle se mordit la lèvre inférieure pour se prouver qu’elle ne rêvait pas et courut jusqu’au rez-de-chaussée pour enfiler ses sandales. Ça devait faire des milliers d’années qu’elle ne les avait pas mises! Toujours aussi souriante, elle se regarda fièrement dans le miroir du hall d’entrée. Une chemise rose apportée par Elena, des pantalons de velours beige et des sandales blanche. Sans la grande femme Turk, Riny se demandait bien ce qu’elle aurait fait. Toute prête pour sortir, ce fut tout juste si elle ne se serait pas mise à sautiller sur place. Se contrôlant un peu pour ne pas que son gardien la trouve trop énervante, elle resta sagement debout à l’attendre, bien qu’en son fort intérieur, elle lui aurait sauté au cou. L’intéressé mit quelques minutes avant d’arriver. Il portait une chemise noire et une paire de jeans, surprenant sa protégée, qui ne l’avait jamais vu avec ça. Il sembla à la jeune fille apercevoir une masse informe au côté de la ceinture de l’homme, juste sous son chemisier, mais elle l’oublia vite en s’imaginant enfin gambader dehors. Il enfila des modestes souliers noirs, puis, sans un mot, il sortit, après avoir attrapé ses clés au passage. Pour une fois, il n’était pas le seul à quitter la résidence. Fermant la porte derrière lui, Sephiroth la barra et lui demanda obligeamment :

- Tu aimerais faire quelque chose en particulier?

Riny secoua la tête en signe de négation. N’importe quoi, tant qu’elle pourrait respirer de l’oxygène provenant de l’extérieur.

- Je vous laisse le choix, Sephiroth, dit-elle, joyeusement.

Mystérieux, son visage prit une expression narquoise. Le grand soldat la fit venir près de sa moto, puis, sans plus de cérémonies, il l’attrapa dans ses bras et lui fit prendre place sur le devant de son véhicule. S’assoyant derrière la jeune fille, il fouilla quelques secondes dans sa poche pour attraper la clé de contact, qu’il trouva sans problème. Le moteur démarra, et l’orpheline, peut habituée à ce genre de moyen de transport, frissonna imperceptiblement, un peu inquiète. Malgré cela, elle faisait confiance à Sephiroth, qui enfila ses lunettes de soleil. Puis tout se mit en marche, rendant Riny plutôt anxieuse. Le paysage défilait si vite qu’elle n’eût pas le temps de voir l’environnement exact qui entourait sa demeure. Le vent, à cause du rapide déplacement, soufflait tellement fort qu’elle se devait de garder les yeux à demi fermés tandis que ses cheveux, attachés sur sa nuque se balançaient légèrement. Le milieu changeait à une vitesse folle, les arbres disparaissant pour laisser place à la plaine désertique. Le ciel, qui quelques minutes plus tôt se teintait encore d’azur, devenait gris de nuages. L’orpheline trouvait cela désolant, assombrissant son cœur joyeux. À une heure de là, dans une direction inconnue se trouvait Midgar. Cherchant des yeux un indice lui indiquant où se trouvait la mégapole, l’Utaïenne pensa scruter l’horizon à la recherche de fumée ou de quelconque autre chose prouvant la pollution élevée le cette ville. Mais avec le puissant vent, elle renonça rapidement à fouiller et profita simplement du moment présent. La poussière dansait, provoquant en elle une crise de toux. Les lieux se traversaient, la moto effectuant sûrement quelques centaines de kilomètres à l’heure. Quelle technologie! Ces nouveautés qui étaient inconnues dans sa région d’origine. Peut-être avait-elle eu de la chance d’avoir un PHS et tout le monde en avait un aussi! Mais les moto, les voitures à capacités avancées, les ordinateurs compétents à fortes facultés et tellement d’autres trucs lui étaient totalement inconnus. Sephiroth, qui conduisait, baissa la tête par devant pour demander à la jeune fille si elle allait bien. Sans hésiter celle-ci lui répondit par un grand « Oui! », le faisant sourire. Puis, sans l’avertir, le véhicula bascula de côté et le grand homme accomplit un impressionnant virage, au grand étonnement de Riny, qui hurla de surprise. Mais elle s’aperçut aussi, nerveusement, qu’à côté d’eux la plaine s’arrêtait brusquement, chutait et continuait plus bas. Une falaise. Très très loin à sa gauche, un point noir laissait échapper des vapes polluantes. Il luisait d’une aura verte que l’adolescente identifia comme de l’électricité Mako. Devant elle se trouvait Midgar. Elle l’avait déjà vue de beaucoup plus près, mais même de loin, la cité se démarquait. Elle se détourna pour admirer les alentours, se maintenant droite sur le siège d’une main, l’autre en visière pour empêcher le vent de la fouetter violemment. Comme si Sephiroth avait encore prévu le coup, il vira encore, et cette fois, au plus grand effroi de Riny, vers le ravin. Elle cria de terreur et se sentant attirée vers l’arrière, alors que l’autre riait. À sa légère satisfaction, elle vit que c’était une pente, bien qu’abrupte et garnies de monticules de pierres. Le SOLDIER, quant à lui, semblait s’amuser à les frôler, se moquant aimablement des cris de frayeur de sa protégée. Décidément, pensa Riny, il est aussi casse-cou que Tenshi quand il était saoul. Relevant la tête petit à petit, l’expatriée constata que l’homme aux cheveux argentés les dirigeait tout droit vers le QG de la ShinRa. Curieuse, elle se demanda si vraiment il l’y amenait pour qu’elle voit ses amis, où pour qu’elle visite un peu la ville avec lui. Tant qu’à visiter un endroit tranquille, il n’y aurait eu qu’à l’amener à Kalm, un village pas trop éloigné, plus au Nord. Mais là, ils filaient directement vers l’ouest. Contente d’enfin être capable de faire le point, elle éclata de rire et prit plaisir à la vive brise qui soufflait dans ses courts cheveux. Il lui paraissait pourtant que la température était plus basse. Riny resserra ses bras contre elle, se crispant un peu plus contre son siège, n’ayant plus aucun appuie pour se tenir. Un peu mal à l’aise à l’idée qu’une vilaine secousse puisse la faire tomber, elle frissonna. Pour échapper au froid environnant, la jeune fille décida de se perdre dans ses pensées. Tout un désert entourait Midgar. Était-ce à cause que la compagnie avait détruit la flore et la faune qui autrefois y vivaient? Elle n’en doutait pas. Mais pourtant des kilomètres et des kilomètres carrés étaient vides. Vides de toute nature qui aurait pu s’y trouver. De simples touffes d’herbe subsistaient, à demi mortes, grises et empoisonnées par l’air sale. En effet, comment s’habituer à cette odeur étouffante de fumée, qui, même éloignée, venait de la cité. Cette terre était devenue infertile, aride. La Planète ne l’alimentait plus à cet endroit. Un peu triste à l’idée que celle-ci manque d’énergie pour se nourrir d’elle-même, Ambereyes maudit une fois de plus les agissements de la ShinRa. Un jour, elle questionnerait le général à ce sujet. La route se fit plus cahoteuse et bientôt, les deux voyageurs eurent l’impression d’être dans des montagnes russes. L’Utaïenne, qui se réchauffait toujours, se sentit brusquement entraînée vers la droite, suite à une soudaine bosse. Certaine de définitivement tomber, elle ne prit même pas la peine de crier, sa gorge ne lui obéissant même pas. En fait, son corps était pétrifié par une peur inexplicable. Intérieurement, elle se dit que c’était bête de faire des erreurs aussi idiotes. Elle s’attendait à ce dur choc qui lui briserait probablement quelques côtes et du coin de l’œil, elle put voir le visage du grand soldat se faire plus sévère. Non. La jeune fille savait parfaitement qu’il ne la laisserait pas tomber. Durant la fraction de seconde où toutes ces pensées lui passèrent par la tête, Riny paniqua un peu, regrettant de ne pas s’être simplement retenue au véhicule. Puis, comble du réconfort, elle sentit le bras de Sephiroth l’entourer, tandis que de l’autre il conduisait encore. L’orpheline se sentit stupide, mais rassurée. Si elle pouvait cesser d’agir en imbécile, peut-être pourrait- elle éviter de tels incidents aussi! Toujours soutenue contre son gardien, ses joues prirent une teinte pivoine. L’adolescente était assurément bien endettée envers le grand homme. La protégée de Sephiroth toussa encore un peu et eut le goût de ne respirer que par la bouche pour éviter de sentir l’air à la senteur écœurante. Seulement, elle changea vite d’idée, sa trachée déjà assez irritée par la poussière et le sable. De grandes collines de pierres les dominaient, imposantes. Le point noir qu’était Midgar plusieurs minutes plus tôt était devenu une masse distincte qui se rapprochait de plus en plus. Nerveuse à l’idée d’entrer de nouveau dans cette étendue d’édifices gris grouillante de monde, elle ne put s’empêcher de se raidir davantage, tandis que Sephiroth desserrait quelque peu son étreinte. L’expatriée aux yeux noisettes vit venir un nouveau virage et ferma automatiquement les yeux, détestant sérieusement cette manie de son protecteur à faire pencher dangereusement la moto. Mais lui, mesquin, ne pouvait s’empêcher de le faire, bien qu’il eut compris combien sa protégée méprisait cela. Les minutes passèrent plutôt normalement, alors que le véhicule fonçait vers la ville. L’adolescente estima qu’il ne restait qu’à peine deux ou trois kilomètres avant qu’ils n’atteignent Midgar. La moto se fit plus lente et Riny souffla un peu, contente de pouvoir enfin respirer normalement. Le moteur grondait moins fort et le vent ne sifflait plus à ses oreilles, faisant grand bien à ses tympans. Reconnaissante à ce soudain silence, elle ferma les yeux et soupira. Devant la jeune fille, une partie de la ville qu’elle n’avait jamais vue s’ouvrait. Les maisons semblaient faites de tôles et de matériaux peu résistants. En fait, l’allure du secteur faisait assez pitié dans l’ensemble. Si un seul mot existait pour décrire la place, on aurait pu dire « pauvre » ou encore « décrépit ». Une vieille église à demi détruire trônait elle aussi dans les lieux, ainsi qu’une multitude de blocs appartements miteux. L’odeur rance qui parcourait les lieux donnait la nausée à l’Utaïenne, qui aurait voulu ne pas s’attarder à cet endroit.

CHAPITRE 12 PART 3


- Où sommes-nous, questionna-t-elle, inquiète.

Sephiroth avait l’air de chercher quelque chose ou quelqu’un des yeux. Sans lui jeter un regard, il lui répondit placidement :

- Les Taudis de Midgar. Là où on retrouve la majorité de sa population d’ailleurs.

Impressionnée, Riny pensa qu’il devait être horrible de vivre dans un endroit pareil. En voyant toutes ces résidences à l’apparence frêle et détériorée, elle ne put s’empêcher d’avoir de la compassion pour ses habitants. Jonchées d’immondices, la place était dégoûtante. Sephiroth enleva ses lunettes et vira quelque peu pour arrêter subitement la moto. Il se mit debout, toujours à la recherche de quelque chose. Encore sur le transport à deux roues, l’orpheline se laissa glisser aux côtés du grand homme. Une fraction de seconde, elle eut juré avoir vu l’idole lui jeter un regard bienveillant, seulement, il semblait scruter un point en particulier. Elle suivit son regard, tentant de voir ce que lui-même voyait. Dans la rue, un groupe d’enfants jouaient avec un ballon, tandis que des adultes discutaient, assis sur de vieux banc publiques. D’un côté, des petits garçon se chamaillaient, sur le point de se battre, tandis que des petites filles jouaient à la poupée dans un coin. Une ravissante jeune fille vêtue d’une robe rose se promenait, un panier de fleurs à la main, et saluait chaleureusement les enfants près de qui elle passait. À ses côtés marchait un grand homme aux cheveux noirs courts et aux yeux bleus verts. Si celui-ci avait porté un uniforme de SOLDIER, Riny l’aurait reconnu sur le champs, cependant, en cette heureuse journée, il portait une chemise blanche et une paire de jeans. En effet, Zack et la jeune fille en rose semblaient très bien s’entendre. Comme l’expatriée, elle avait des cheveux châtains qu’elle portait en queue de cheval. Ceux-ci tourbillonnaient dans son dos, ainsi que les deux mèches qui encadraient son visage ovale. Ce qui sauta pourtant en premier aux yeux de notre Utaïenne fut les yeux de la fille. Ils étaient pareils à ceux de Sephiroth. D’un vert Mako brillant, à la différence près que ceux-là étaient plus grands et plus… féminins bien sûr! Cette adolescente n’était pas très grande non plus, et avait visiblement l’âge de Riny. Elle semblait sage et très mature. On put presque affirmer que sa beauté avait quelque chose d’ancien, d’antique même. Sephiroth et la jeune fille s’approchèrent plus près, et quand Zack les aperçut, il se mit à crier et à gesticuler comme un gosse de cinq ans.

- Hey Seph! Ouais, il faut toujours qu’on se rencontre comme ça dans la rue hein?! Quelle coïncidence vieux!

Le jeune soldat accourut rapidement, tenant sa compagne par la main, lui jetant de temps à autre un regard amoureux. L’ancienne citoyenne d’Utaï en déduit donc qu’ils devaient être ensemble. Intérieurement, elle trouvait qu’ils faisaient un couple adorable. L’autre fille semblait bien gentille d’ailleurs.

- Oh! Et t’as amené Riny en plus! Super, ça va faire une amie à Aeris! sourit Zack en saluant la protégée de Seph et en désignant la dénommée Aeris.

Sephiroth baissa aimablement la tête à l’intention de la fille en robe rose, puis déclara à Zack, sur un ton peut-être un peu froid :

- Je trouvais que c’était une belle journée pour sortir, tout simplement. Alors j’ai amené Riny à Midgar…

- Et tu l’as emmenée dans les Taudis. Excellent choix! se moqua gentiment Aeris. Surtout en le comparant à l’incroyable centre-ville!

Le second du général rigola et assena à l’autre adolescente une aimable claque dans le dos en la gratifiant d’un regard très complice.

- Elle commence presque à se comporter comme moi Seph. Sérieusement, Aeris est ma fierté.

Celle-ci riait aussi, sous le regard exaspéré du puissant soldat et de sa protégée, qui reconnaissaient là le style fleuri rempli d’humour de Zack Donovan, le soldat le plus « drôle » de toute la ShinRa. Et il était première classe en plus!

- Si ma mère t’entendait, Zack, je ne suis pas sûre qu’elle nous trouverait si drôles, déclara Aeris.

Puis se tournant vers Riny, elle dit encore :

- Moi c’est Aeris Gainsborough, la sympathique marchande de fleurs du secteur cinq! Je suis sûre que tu dois être « l’Utaïenne en pièces détachées » dont tout le monde parle tant. Et dire que la ShinRa tente de faire passer ça sous clé. L-A-M-E-N-T-A-B-L-E!

L’interpellée acquiesça, timide. Zack et Sephiroth, quant à eux, étaient lancés sur une grande conversation dont le sujet était un peu trop compliqué pour les filles puisque c’était à propos des agissements top secret des SOLDIER.

- Moi c’est Riny Ambereyes, enchantée, murmura aussitôt Riny.

Miss Gainsborough sourit avec indulgence et fouilla dans son panier pour en sortir une jolie fleur blanc - un lys - qu’elle porta aux cheveux de sa nouvelle amie, tandis qu’elle-même avait sur les siens une grosse rose rouge. Alors que les deux soldats reprenaient la marche, les deux jeunes filles les suivirent, tentant de converser.

- Tu sais, tu as beaucoup de chance de pouvoir vivre avec Nii-san. Je le trouve très froid de temps à autre, mais il est très gentil. Jamais je n’aurais cru de lui qu’il puisse vivre avec une fille, rit amicalement la marchande de fleurs.

Surprise, son interlocutrice reconnut immédiatement l’appellation pour l’avoir utilisée pendant des années et des années. « Nii-san » faisait référence à un homme plus vieux que soi avec qui on avait une relation fraternelle. C’était de l’utaïen, sa vrai langue, bien que chez elle, les gens parlait beaucoup plus le commun.

- Nii-san? Sephiroth est ton frère? Je ne savais pas qu’il avait de la famille! En fait il ne me parle jamais de lui, dit la jeune fille aux cheveux plus courts.

Aeris eut l’air de réfléchir un instant, puis, prenant une expression joyeuse, elle sourit d’un air tellement léger que Riny en fut toute chamboulée. Sa nouvelle amie semblait vivre chaque instant avec un bonheur presque trop parfait.

- En fait, mes défunts parents le prenaient comme leur propre fils, alors je l’ai baptisé Nii-san. Mais je pense qu’il n’aime pas vraiment ça, alors j’évite de l’appeler comme ça entre nous.

Confuse, l’orpheline s’empressa de dire ses sympathies à la fleuriste, ne sachant pas comment réagir à des confessions pareilles. L’autre semblait trouver ça assez amusant, d’après son air bienveillant.

- Ne t’en fais pas pour mes parents, je n’étais qu’un bébé quand ils sont morts. Maintenant ma seule mère, bien qu’adoptive, se nomme Elmyra et on vit ici dans les Taudis, riposta Aeris, sans cesser de sourire mais sur un ton plus sérieux.

Vraiment, cette fille était surprenante!

- Comment sais-tu tout ça alors? demanda Riny, curieuse mais ne comprenant rien à rien.

L’orpheline en rose sourit mystérieusement puis chuchota doucement à la jeune adolescente qui accompagnait Sephiroth :

- Si je te le dis, il n’y aura que toi, Zack et Sephiroth qui le sauront, et personne d’autre ne doit le savoir. Je te fais confiance, car les scientifiques de la ShinRa me sont assez dangereux.

Riny hocha la tête, ayant le goût de savoir.

- Eh bien tu vois, la Planète et moi entretenons une relation particulière. Je peux l’entendre lorsqu’elle pleure de détresse parce que nous causons sa douleur. Je peux aussi contacter la Rivière de la Vie, l’endroit où vont ceux qui meurent. Et mes parents m’ont dit eux-mêmes tous ça, murmura Aeris. Il paraît que ma vraie mère, Ifalna, pouvait aussi le faire.

CHAPITRE 12 PART 4

Les yeux de Riny s’était agrandis de stupeur. Elle croyait bien sûr Aeris, mais ça paraissait un peu étrange à dire. Cette fille pouvait parler et comprendre la Planète! Des gens qui étaient comme ça, on en rencontrait pas beaucoup, et surtout pas dans les Taudis de Midgar! D’ailleurs, notre Utaïenne n’avait jamais vu des gens capables de telles choses. Pas plus à Utaï qu’ailleurs. Elle sourit d’un air embarrassé à Aeris, qui lui rendit l’expression d’un air rassurant qui voulait sûrement dire : « La première fois ils font tous cela ». Puis les deux amies continuèrent de discuter, tout en suivant nos deux plus grands soldats. Zack était d’excellente humeur et c’était si contagieux que Sephiroth souriait légèrement, mais assez pour que sa protégée, qui vivait avec lui vingt-quatre heures sur vingt-quatre, puisse le voir. Le petit groupe s’avançait déjà vers le vieux bâtiment religieux qui trônait dans la rue. Et ils continuaient de parler, comme si de rien n’était. Comme si c’était une journée comme les autres. Mais pourtant, quelque chose n’allait pas. Une fille fuyait la ShinRa car elle pouvait dialoguer avec la Rivière de la Vie, mais pourtant sortait avec un SOLDIER. Les normes de la vie et de la réalité venaient d’être largement dépassées. En fait, pour Riny, elles l’étaient depuis qu’elle vivait avec Sephiroth. Mais les histoires de magie… Le monde n’avait plus de sens! Où en était-il vide? Riny n’en était pas sûre, mais la confusion se mélangeait avec une foule d’autres sentiments, plus étranges les uns que les autres. Elle avait l’impression que la Planète virait à l’envers. Mais pourtant, elle continuait d’écouter les dires d’Aeris, sans pour autant comprendre ce qui se passait. Cette fille était trop gentille, trop parfaite pour être une humaine. Rien n’était normal. Cette adorable vendeuse de fleur aimait le monde, et elle l’aimait à un tel point qu’elle en serait morte pour. Sa volonté d’aimer cette planète semblait surpasser tout amour que Riny avait jamais connu.

- Hey les filles! Ça vous dirait qu’on s’arrête un peu là? s’écria Zack, tirant Riny de ses pensées.

Les deux amies hochèrent la tête, sans répondre, puis continuèrent de discuter entre elles, devant les deux hommes, qui étaient surpris. Ils se trouvaient tous en effet devant la grande église, qui semblait bien vieille. L’allée y menant était bordée de jolies fleurs de toutes les couleurs. Même la jeune Utaïenne se douta que sa nouvelle amie y était pour quelque chose. L’édifice à moitié détruit était fait de briques brunes, et était dans un style ennuyant gothique, comme tous les autres de son genre. Seulement, étrangement, il semblait accueillant, chaleureux. Les trous dans le plafond laissait passer une douce lumière, tandis qu’un bouquet sauvage était entretenu au fond de l’unique salle de l’endroit. Sephiroth souriait, reconnaissant là Aeris, alors que Zack riait. Tous prirent place sur un grand banc et l’air de se relaxer, reprirent la discussion. Quelques poutres étaient effondrées ça et là, tandis que les vitraux poussiéreux gisaient cassés.

- Bienvenu chez moi tout le monde! déclara l’étrange fille. C’est pas le grand luxe, mais c’est bien pour les fleurs

Riny sourit. Aeris semblait vraiment heureuse de vivre dans un lieu aussi dépravé. Cette fille avait du courage et une certaine détermination. Ses yeux verts brillaient et démontraient les mêmes mystères que ceux de Sephiroth, qui discutait avec Zack.

- Seph, j’ai entendu dire que Reeves avait finalement mit au point son robot espion. Tu sais bien, Caith Sith, conversa l’adjoint du général.

- Comme je connais l’ingénieur, je ne m’étonne même pas. Cet imbécile n’a même plus de vie tellement il est obsédé par sa machine et ses ordinateurs. Il devrait sortir de temps en temps. Je ne suis même pas sûr qu’il s’alimente et qu’il dort, répliqua l’intéressé.

- Une chose est sûre, Palmer, Heidegger et le président sont contents. Ils comptent l’utiliser à Utaï. Ils pensent que ce sera l’espion idéal. Tant qu’à moi, le système de défense ne vaut absolument rien, et Caith Sith sait lire les lignes de la main comme seule couverture!

Seph roula les yeux, conscient que même si Reeves était un génie, il connaissait de moins en moins le monde des humains en vivant avec ses ordinateurs. Parfois, valait mieux tout arrêter et ne pas oublier de vivre. Lui-même l’avait compris avec son meilleur ami, quelques années auparavant. Et en ce qui concernait Palmer, le président et Heidegger, ils étaient déjà rongés depuis longtemps eux! Détruits par le pouvoir et l’argent. Peut-être même par leur propre orgueil. Et beaucoup semblaient suivre cette voix. Il craignait que Rufus ne la suive pas mégarde, et que Tseng le rattrape, mais qu’y faire? Il était le Général Sephiroth, pas Odin en personne. Et encore moins la conscience de chacun. Il jeta un regard en coin à Riny et Aeris, qui paraissaient en excellents termes. La jeune vendeuse attendrissait les cœurs. Le puissant soldat était bien placé pour le savoir. Déjà que Tseng en était presque amoureux, Zack en avait suivit la trace, ainsi qu’une multitude d’autres à qui elle avait montré comment vivre pleinement la vie et le monde. Car étrangement, Aeris aimait la Planète. Elle l’aimait autant qu’on pouvait aimer ses parents. Mais cette comparaison, ce n’était pas à lui de l’utiliser. Même si les parents de la fleuriste l’avaient aimé comme un fils, il n’était pas le leur. Ni celui d’Hojo! Mais pourquoi se déranger avec les spectres du passé? Il reporta son attention à son second, qui parlait désormais avec les deux filles.

- Espèce de lolicon* (qui fait référence au Lolita Complexe) ! Comment se fait-il que je sois follement amoureuse de toi?! s’écria joyeusement la fille d’Ifalna.

- Arrête, c’est toi qui m’a attiré dans ta petite église remplie de jolies fleurs sauvages!… Et tu en es la plus jolies d’ailleurs, Miss Gainsborough! lui répliquait son petit ami.

- Arrête toi même! Tu vas me faire rougir devant ton supérieur! Tu t’imagines la honte?! continuait-elle.

CHAPITRE 12 PART 5

Ce couple était incorrigible. Riny elle-même en était morte de rire. D’ailleurs, cette vue-là plaisait beaucoup à Sephiroth. Elle était mignonne sa protégée lorsqu’elle était amusée. Mais il fallait dire que le duo humoristique se tenait devant eux, se taquinant sur des sujets qui commençaient à s’éloigner un peu… Mais bon, il le voyait et le savait. À chaque jour, Zack le démontrait trop bien. Il aimait Aeris plus que tout au monde. Il ne parlait que d’elle. Et l’idole des idoles se souvenait parfaitement de la fois où sa copine l’avait laissé car sa mère lui avait dit qu’il était un porteur de malheur. Zack était venu chez lui à SON appartement, pour s’enfermer dans SA salle de bain. En effet, il avait même dû user de la force pour l’en sortir et remettre sur pied le jeune homme. Lui qui n’y connaissait rien en amour, il avait dû dire à Donovan comment s’y prendre pour expliquer à sa petite amie qu’il ne pouvait se passer d’elle. Cet épisode était très marquant. Zack qui pleurait recroquevillé à côté de la douche avait pour don de le rendre plus sombre. Son meilleur ami malheureux, ça frôlait l’impossibilité. Mais bon, là tout le monde était heureux, ou presque.

- Dis, Zack. Nous, on se chamaille depuis tout à l’heure, mais les deux autres tourtereaux, ils ne font que se moquer de nous sans rien dire! Et si ils nous racontaient leurs médisances aussi? demanda soudainement la jeune fille en robe rose, se détournant vers Seph et Riny.

- Je crois que c’est une mauvaise idée Aeris. Tu es beaucoup trop jeune pour ça! répondit à son tour son amoureux, sur un ton très, même trop moqueur.

Sur le coup, Miss Ambereyes rougit comme jamais, ayant le goût de contester ces affirmations totalement fausses. Pourquoi Zack l’embarrassait-il toujours lorsqu’elle était avec son gardien en lui parlant de trucs aussi compliqués? Assis à ses côtés, le grand SOLDIER était contrarié. Visiblement, le jeune lieutenant était sur le point de dépasser les bornes. Courageuse, Riny prit l’initiative de les défendre, son protecteur et elle, prenant un ton un peu malicieux :

- Trop jeune pour quoi? Je ne dirais pas ça à ta place Zack. Finalement, je te renvoie le miroir. Tu sais que Elena et Reno connaissent toutes les rumeurs qui courent. Fais bien attention, les murs t’écoutent, Zack Donovan. C’est vrai que tu portes des boxers avec des chocobos en cartoon dessus seulement parce que ça plaît aux filles comme Aeris et moi?

Les yeux du jeune homme s’étaient agrandis de stupeur. La gamine était au courant de pas mal de choses! Et c’était aussi la toute première fois qu’il l’entendait relater des propos aussi amusants. Il n’aurait jamais cru que c’était son genre. Sephiroth non plus d’ailleurs. Lui-même riait, amusé du fait que Riny ait fait taire son ami de toujours. Il pouvait parfaitement confirmer les accusations de l’expatriée, ayant lui-même un jour dû faire le ménage complet de l’appartement de son compagnon, alors que l’autre était pratiquement mort de fatigue. Encore un autre truc que Zack avait réussi à lui faire faire. En plus, il n’était pas une femme de ménage! Aeris, en ce qui la concernait, était pliée en deux, rigolant simplement à voir l’expression interloquée de son amoureux. L’après-midi avançait bien, les secrets se dévoilaient, et les sujets s’épuisaient. Pourtant, Riny se sentait vraiment bien avec Aeris, Zack et Sephiroth. C’était le même sentiment que lorsqu’elle vivait avec ses amis à Utaï. Lorsque son groupe à elle était constitué de son frère, de Tenshi, de Yume et de Jesse. Tous les jours, ils ne s’étaient jamais séparés, comme si ils étaient nés ensemble et vivraient ensemble à jamais. Ce sentiment d’appartenance, la jeune fille le ressentait et en était rassurée. Les doux rayons tièdes du soleil réchauffait sa peau, alors qu’il déclinait quelque peu à l’horizon. Les trois habitués de Midgar s’étaient lancés dans une nouvelle discussion, tandis que, plongée dans ses souvenirs, elle souriait légèrement. La vie n’avait pas vraiment valu la peine d’être vécu depuis peu, mais là, tout s’améliorait visiblement. Puis, Aeris se leva et se pencha en avant pour attraper les épaules de sa nouvelle amie. Ses yeux verts brillaient comme des pierres précieuses et ses cheveux tombèrent sur son visage aux traits parfaits. Elle sourit, radieuse.

- Je suis contente de t’avoir rencontrée, petite Riny. Alors prends soin de toi, chuchota la jolie marchande.

- Tout le plaisir était pour moi, bégaya presque l’autre.

Sephiroth se leva à son tour, ainsi que Zack. Les deux collègues se donnèrent une sympathique accolade et, avec un dernier au revoir, se quittèrent. Le couple resta dans l’église, près des innombrables fleurs, assis sur des colonnes renversées, alors que le soleil commençait à disparaître, laissant aux êtres vivants profiter de ses derniers bienfaits avant de laisser sa place à l’astre lunaire. Déjà dans les cieux, le bleu laissait place au pourpre et à d’infimes diamants brillants ; les étoiles. Tandis qu’ils sortaient de l’allée pavée jonchée de fleurs, Riny, ayant un peu froid, serra à nouveau ses bras contre elle. Le remarquant, le grand soldat l’entraîna rapidement vers leur véhicule. Désormais, les rues étaient vides de toutes vies. Plus d’enfants ou de vieilles dames ou encore de passants. Vides. L’endroit n’était pas trop rassurant, et encore plus pour la jeune Utaïenne, qui était superstitieuse à l’extrême. Malheureuses peurs qui la poursuivaient depuis sa plus tendre enfance. Les histoires de fantômes, de vampires et de créatures mortes vivantes, elle y croyait dur comme fer. Bien qu’on aurait pu les trouver crédibles dans un monde où il y avait des dragons et autres sortes de monstres plus étranges les uns que les autres. Surveillant tous les côtés pour se rassurer, elle suivait de très près le grand homme aux cheveux argentés, son cœur battant plus vite. la noirceur tombait, amenant un froid plus intense avec elle, glaçant aussi le sang de la pauvre adolescente. Puis, l’horrifiant au point qu’elle en cria, plusieurs lumières apparurent en même temps, illuminant la place. Mais elles disparurent aussitôt, soulageant Riny, qui remarqua que ce n’était que des voitures dont les passagers rentraient enfin du travail.

- Ce sont des employés de la ShinRa, dit Sephiroth, en répondant à la question muette qui s’était formulée dans l’esprit de la jeune fille. Nous commençons tous tôt pour finir tout aussi tard.

- Mais que font les SOLDIER même quand il n’y a pas de guerre ou d’hostilités? questionna rapidement l’intéressée.

Seph lui jeta un regard froid. Clairement, il n’avait pas vraiment envie d’en parler. Pour lui, les histoires de travail, on en parlait qu’en mission, jamais ailleurs. L’orpheline baissa les yeux, mal à l’aise. Elle se jura de ne plus jamais lui poser des questions concernant la ShinRa, de peur qu’il ne se fâche. Devant eux se trouvait la moto, qui était en parfait état, bien que le général l’eut laissée devant les yeux de tout le monde – y comprit quelques mécréants – sans aucune surveillance de toutes sortes. Lui-même sourit alors que tous deux prenaient à nouveau place sur le siège. Le moteur démarra, puis le véhicule prit de la vitesse et se perdit à nouveau dans les landes désertes entourant la mégapole.

CHAPITRE 13

La maison était visiblement comme ils l’avaient laissée, vu de l’extérieur. Néanmoins, l’homme aux yeux d’émeraude avait un très mauvais pressentiment. Il se tenait debout devant sa résidence, la gamine derrière lui, se demandant pourquoi il restait planté là. Dans l’ombre, un seul rayon de lune perçait la densité des arbres pour les atteindre. L’atmosphère était lourde. Tous deux traversèrent la cour d’entrée à pas lents, laissant l’adolescente encore plus perplexe. Sephiroth ne parlait pas, semblait respirer à peine et était assez concentré. Quelque chose n’allait pas. Il commençait à regretter leur sortie de la journée. En effet, Riny et lui avaient passé l’après-midi avec Zack et Aeris et après une heure de déplacement rapide dans le noir complet, ils étaient enfin arrivés chez lui. Évidemment, le voyage avait été calme, bien que l’air environnant eut été froid pour l’adolescente d’Utaï, qui portait une chemise légère. Toutes les hypothèses lui passaient par la tête, mais une seule persistait. Des gens étaient entrés dans le domicile. Sortant son trousseau de clés, il se saisit subtilement de son arme à feu, pour ne pas effrayer l’Utaïenne, qui le suivait d’une démarche feutrée, l’imitant. La porte s’ouvrit, après que le grand soldat l’eut habilement et rapidement déverrouillée. Il faisait noir. Les ténèbres environnants pesèrent sur le cœur de Riny, qui s’approcha plus près du gardien. Le salon, la cuisine et tout le reste étaient vide de toute présence. Toutefois, il restait encore le couloir et ses pièces et l’étage à vérifier. Elle aussi, instinctivement, savait qu’il y avait un problème. Sephiroth se damna mille fois pour ne pas avoir prit Masamune, avec lequel il se sentait beaucoup plus à l’aise qu’un foutu revolver. La jeune fille tressaillit, et il l’attrapa par l’épaule pour la rapprocher un peu plus de lui. Désormais, il fallait trouver la source du malaise. Les deux individus ne prirent même pas la peine d’enlever leurs chaussures, ce qui n’arrivait jamais, et continuèrent vers les escaliers. Un bruit se fit entendre au-dessus d’eux. Il y avait définitivement quelqu’un dans la maison. Quelqu’un qui n’avait rien à y faire. Le membre haut placé de la ShinRa regarda autour de lui, n’apercevant que la douce pénombre de la nuit. Aucune lumière ne traversait les vitres des grandes fenêtres du salon, laissant les ténèbres l’engloutir profondément. Tenant toujours fermement Riny il monta à l’étage. Il valait mieux pour elle de rester à ses côtés. Comme si le gardien et l’expatriée marchaient dans de la ouate, ils ne faisaient aucun bruit susceptible de les mettre à découvert. Riny était terrifiée à l’idée que quelqu’un ait pu entrer dans la maison à leur insu. Elle imaginait des silhouettes noires armées, les attendant à chaque coin trop sombre. Elle commença à claquer des dents lorsqu’ils atteignirent enfin le deuxième. Le chef des SOLDIER se tourna vers elle, un doigt sur les lèvres, lui signifiant de ne pas faire un son. Elle hocha la tête plus qu’inquiète. Pas à pas, il l’entraîna dans sa propre chambre, laquelle il prit grand soin d’ouvrir silencieusement la porte. Il entra, sur ses gardes suivit de très près par la jeune fille collée à lui. Droit devant lui se trouvait Masamune, que Sephiroth se dépêcha de prendre, après avoir balancé l’autre arme dans un coin. Avec la certitude que la chambre était vide, le grand homme lâcha Riny et murmura doucement à son intention :

- Cache-toi ici et ne bouge pas.

Puis il ressortit, après avoir ordonné à sa protégée de verrouiller la porte de l’intérieur. Il devait environ être dix-neuf heures alors qu’il avançait sans problème apparent dans la place, ses yeux de chats brillants intensément dans la noirceur. Le général guettait patiemment la vue d’une forme inconnue. Il le savait parfaitement. Des imbéciles s’étaient infiltrés chez lui, et ce n’était certainement pas pour un « surprise ». Il rit doucement à cette pensée. Peut-être, en fait, leur ferait-il leur fête, à ces idiots. Et d’ailleurs, probablement étaient-ils là pour Riny. Cette réflexion le mit en colère. Personne ne toucherait un seul cheveu de l’adolescente ! Elle ne leur avait rien fait, et voilà qu’elle manquait se faire assassiner à chaque pas. Il ne laisserait personne lui faire du mal, pas plus qu’il n’oserait lui en faire. Il se jura de tuer le premier qui la ferait volontairement pleurer. Sephiroth avançait toujours, s’approchant de la chambre de Riny, qui n’était pourtant pas si loin. Attentivement, il écoutait les bruits qui l’entouraient et cherchait à percevoir un simple son pouvant le guider au fantassin qui essayer de se suicider en s’incrustant chez lui. Puis le grand SOLDIER repensa à la petite Utaïenne recroquevillée quelque part dans sa chambre, en train d’attendre son retour. Son cœur se serra. Les agresseurs tenteraient peut-être de l’atteindre alors qu’il s’éloignait. Pas à pas, il arriva devant la chambre de sa protégée, qu’il ouvrit à coup de pied. Tout semblait normal à première vue, mais la fenêtre était ouverte. Il grogna, frustré. Quelqu’un était effectivement entré. Il s’avança à l’intérieur et fouilla dans toutes les cachettes possibles de la pièce. Personne. Puis, derrière lui, un craquement sonore se fit entendre. Il se précipita, cette fois plus qu’inquiet. Son déplacement était plus que silencieux. Il marchait rapidement, telle une ombre. Il paraissait toujours calme quand il tomba sur le premier intrus de la soirée. La noirceur ne gênant pas ses perceptions, Sephiroth distingua son bandana et le sabre qu’il tenait en main. Celui-ci se tenait devant la porte de sa chambre et semblait vouloir la défoncer. Le soldat n’eut qu’à tendre Masamune pour faire reculer l’autre, le sabre étant excessivement long.

- Tu es seul ou y aura-t-il d’autres morts ce soir? murmura-t-il avec de la colère dans la voix.

CHAPITRE 13 PART 2

D’autres bruit venant du rez-de-chaussée se firent entendre en guise de réponse. Il jura. Son adversaire se fit hésitant, mais il assena le premier coup. Pauvre imbécile! Pensa le général. Personne ne l’égalait en escrime, et personne ne le ferait jamais. Il était invincible de ce côté-là. Il répondit à l’invitation par la positive en engageant définitivement la bagarre. À chaque choc, une lumière bleue provenant des étincelles éclairait le mince corridor. Le jeune ninja n’avait aucune expérience et d’ailleurs il ne maîtrisait pas ou très mal son sabre. L’indécision se lisait dans ses pupilles terrifiées. Attaquer cet homme qui est le plus grand soldat de tous les temps ou prendre ses jambes à son cou pour survivre? Sephiroth donnait un coup léger par-ci et un autre par-là. La victoire était déjà assurée. Non sans douceur, pour faire honte à son jeune adversaire, il para une charge et d’un mouvement souple du poignet, la lame de son long sabre s’inversa et l’autre fut désarmé. Il sourit d’un air cruel. C’était l’un de ses côtés les plus sombres. S’il pouvait être quelqu’un de sympathique, bien que solitaire, il était cruel et mesquin si l’on pouvait dire. Pas méchant, certes, mais impitoyable ça oui! Le gamin utaïen était replié sur lui-même sur le plancher et sanglotait presque. Le SOLDIER s’imagina en train de le tuer et secoua la tête. Cet enfant était trop jeune et il faisait pitié à voir. Comme ça, il ne paraissait plus digne de mourir tellement il passait pour un pleurnichard. Se faisant menaçant, le général l’effleura avec Masamune et le sang perla comme un petit rubis sur le coup de l’intrus nouvellement vaincu.

- File d’ici et amène tes comparses avec toi. Bouge-toi avant que je ne change d’idée! siffla le puissant homme, décochant un violent coup de pied à la créature brisée qui tentait de se relever.

Ce sourire carnassier qui étirait ses lèvres, la souffrance qui se lisait sur visage horrifié du gamin… Tout cela lui plaisait-il autant? Il se le demanda pendant une seconde en observant son adversaire s’enfuir, tout orgueil disparu. Lentement, il marcha jusqu’à sa chambre, où Riny s’était enfermée. Derrière la porte, il entendit un léger déclic et elle s’ouvrit, laissant voir sa protégée méfiante et apeurée à la fois. Il détailla son visage dont les traits était tirés par la peur. Amicalement, il lui attrapa la main et la sortit avec lenteur de la pièce. Était-il possible qu’elle ait entendu tous les détails du combat? Probable. Mais quel soulagement il put constater sur sa jolie petite frimousse quand elle ne vit aucun cadavre ou tâche de sang sur le sol. Lui tenant toujours la main, ils descendirent les escaliers furtivement, Sephiroth incertain du départ des pseudo tueurs qui s’étaient introduits chez lui. Néanmoins, il ne laisserait jamais Riny toute seule en haut, trop inquiet. Les marches ne craquaient pas et seul l’effleurement de leurs vêtements se faisait entendre. Encore une fois, le silence et les ténèbres les enveloppait. Effrayée, la jeune fille savait parfaitement que la soirée était loin d’être finie. Elle se mordit la lèvre inférieur et lorsque son pied se posa sur la dernière marche, elle ferma les yeux avec force, incapable de soutenir le suspense. Étaient-ils là, cachés quelque part, attendant de les attaquer pendant qu’ils ne le sauraient pas? Son cœur battait vite encore une fois et la main de Sephiroth se resserra autour de la sienne. Riny sentit ses os craquer sous la vigueur de son protecteur. Douloureusement, elle le suivait toujours aveuglément. Avec lui, elle se sentait en sécurité. Du moins tentait-elle de se convaincre. Ça y était! Devant eux, le salon et la cuisine, obscurs comme dans un four, se présentaient. Bien qu’elle ne les vit pas à cause de ses paupières closes, la jeune Utaïenne put sentir sous ses pieds le contact avec le tapis, caractéristique du salon, juxtaposé à la cuisine. Puis tout se passa presque au ralenti. Elle perçut des coups de feu et des lames s’entrechoquant, et une fraction de seconde plus tard, l’adolescente roulait sur le sol, probablement poussée par son protecteur. Elle ouvrit les yeux, trop curieuse, et dût frôler une attaque lorsque un ennemi manqua d’abattre son sabre sur elle. L’expatriée roula encore sur le côté, tentative instinctive de survie, et ferma à nouveau ses paupières, ne voulant pas voir ou savoir la suite. Tout près d’elle, les balles retentissaient avec force, lui donnant l’impression de la frôler. Se convaincant de regarder pendant une brève accalmie, Riny ouvrit les yeux et s’habitua rapidement aux ténèbres environnantes. Elle était cachée des yeux indiscrets, derrière le comptoir, tandis que Sephiroth était debout de l’autre côté, la protégeant. Repliée sur elle-même, elle serra ses genoux contre son corps tremblant, tandis que la bagarre faisait rage. L’orpheline put entendre quelques cris étouffés, puis le bruit mat que faisait quelqu’un qui chutait. Ses yeux noisettes s’emplirent de larmes qui roulèrent sur ses joues déjà rouges. Elle aurait voulu hurler, mais sa gorge nouée et sa confusion l’en empêchèrent. Aucunement rassurée par les événements ou encore par la protection du général, son estomac se retourna à l’idée des cadavres qu’il y avait peut-être de l’autre côté, dans le salon. Désormais, le comptoir occupait l’espace qui représentait une frontière importante pour elle-même. Celle de la proche sécurité, où elle se trouvait présentement, et celle de la mort, du côté opposé. La simple conception d’une mare de sang coulant apparaissant au coin du meuble, ou encore d’une tête surgissant au-dessus d’elle, armée d’un revolver, la terrorisait insatiablement. Un pan de la veste noire de Sephiroth apparut, alors qu’il reculait probablement sous le heurt violent de la rencontre de deux sabres. Comment le déduisait-elle? Les sons du combats étaient devenus si précis dans son esprit brouillé par la peur et la tristesse, que la bataille se reconstituait d’elle-même dans sa tête, comme si elle pouvait la voir de ses propres yeux. Des étincelles bleutées illuminaient de temps à autre la cuisine, résultat des chocs suivis contre Masamune. La fille d’Utaï porta les mains à ses oreilles, voulant couvrir la cacophonie morbide qu’elle interprétait comme brutale à cause des grognements inexpliqués qui se laissaient parfois discerner. Tantôt, elle lâchait des sanglots dérisoires, ou encore chantait-elle quelques petites comptines pour tenter d’oublier le moment atroce vécu. Et ce fut le silence. Ses muscles se détendirent d’un coup, comme une morte. Mais cette comparaison la rendait encore plus troublée. Un timbre de voix très faible se fit entendre et Riny rampa sur le carrelage froid du plancher jusqu’aux pieds de Sephiroth, dont l’épée de deux mètres était enfoncée cruellement dans le sternum d’un jeune ennemi. Celui-ci vivait inévitablement les derniers moments de son existence. Sa respiration faible mais haletante le démontrait bien. Du sang rouge vif dégoulinait lentement de sa bouche entrouverte et il laissait échapper de longs râles rauques. La douleur se lisait parfaitement dans ses yeux vides de toute forme de volonté. Sa blessure aussi saignait abondamment, maculant ses vêtements déjà noirs. L’air portait une odeur émétique de mort et de sang. Le cœur de l’ex-Utaïenne se retourna et elle sentit sa gorge lui brûler affreusement à la simple idée que cet homme ne retourne à la Rivière de la Vie. C’était sa faute! Tout ça, c’était à cause d’elle-même… Et maintenant, le troisième Utaïen allait périr simplement parce qu’elle avait « trahit » les siens. Il lui sembla que Sephiroth se crispa quelques secondes, puis il s’accroupit pour attraper la mâchoire de l'expirant. L’orpheline eût l’impression qu’il serrait sa gorge avec une force telle qu’il aurait pu la réduire en bouilli. Elle sentit la bile monter dans sa bouche et se retint manifestement de rendre son déjeuner. Puis alors qu’elle retenait son souffle, elle entendit la voix de son gardien.

CHAPITRE 13 PART 3


- Comment avez-vous découvert sa cachette? dit-il, dans un murmure presque doucereux.

Riny se sentait étourdie. C’était sûrement un horrible cauchemar! Dans quelques secondes, elle s’éveillerait enfin et tout serait normal. Il n’y aurait pas de mourants dans la maison et le sang ne tâcherait pas le plancher. Mais elle devait faire face à la dure réalité ; c’était pour la tuer qu’ils étaient là. Toujours agenouillée sur le parquet de bois, la jeune fille se pressa contre son protecteur accroupi, malade de honte. Puis, l’agonisant répondit à l’interrogation.

- Son PHS est en service… on a retracé sa position grâce aux codes de destinations des messages envoyés sur son répondeur…

Rageur, le grand homme se releva inopinément et acheva d’un coup le jeune homme aux traits asiatiques. Il aurait dû y penser plus tôt. Utaï avait sûrement fait des pieds et des mains pour localiser Riny à l’aide de messages transmis sur un portable en fonction! Immanquablement! Étaient-ils persévérants et fous pour la ramener, la fausse délatrice! Puis, il se rappela ce que Tseng lui avait un jour dit. « Il est amusant de constater que chaque appel par PHS peut localiser les interlocuteurs par la simple connaissances de leur code de ligne, sans qu’ils ne s’en rendent compte! ». Leur détermination agaçait Sephiroth, qui baissa la tête pour observer pensivement sa pensionnaire épouvantée. Celle-ci, comme une gamine de deux ans, s’agrippait fermement à son tibia, ne lâchant pas des yeux l’Utaïen trépassé. Notoirement, le geste la choquait et l’effarait à un point tel qu’elle ne bougeait plus d’un iota. Riny devrait s’y faire. La légitime défense approuvait le meurtre. De plus, les gens de la ShinRa étaient des habitués. Obligeamment, le soldat aguerri voulut l’aider à se relever mais l’adolescente lutta pou rester sur le sol, plongée dans un coma post-traumatique. La vue de ces hommes morts l’excédait ; il valait mieux l’en soustraire rapidement avant la crise de larmes qu’il lui connaissait trop bien. Il lâcha promptement Masamune, tâché de sang, et focalisa son énergie à réussir à se saisir de l’Utaïenne qui se débattait pour rester accrochée à sa jambe. Le grand homme aux cheveux d’argent pensa ironiquement qu’il ferait un lamentable baby-sitter si Riny avait été plus jeune. Néanmoins, celle-ci ne résista pas assez sauvagement pour le contrer et il finit par l’avoir dans les bras, toujours scotchée à lui, mais cette fois par le cou. Comme quelques semaines plus tôt, il remarqua sa légèreté. Ou était-ce lui qui était si fort? Les deux, sûrement! Le SOLDIER contourna les cadavres jonchant son salon. La ShinRa en aurait des nouvelles! Pendue à son cou, la gamine châtaigne ne cessait de s’inculper de la mort de ces pauvres hommes, encore traumatisée par leur violent décès. Son protecteur ne semblait même pas affecté par son propre geste! Il l’avait fait pour elle! Comme tout le reste d’ailleurs… Avec lui elle se sentait appréciée comme jamais auparavant, tandis qu’avec elle il se sentait tout simplement comme quelqu’un de normal et de bien. Une bien tendre affection mutuelle! Seph grimpa les marches une a une, prenant bien soin de ne pas brusquer son fardeau. Il était grand temps pour eux de prendre une pause, après cette nuitée de fous! Et Riny plus que lui! La gamine se mourrait de peur et était mortifiée. Il entra dans sa chambre à elle et l’installa sur son lit. Le grand général voulut se départir de la fille. Toutefois, celle-ci s’entêta et ne le lâcha pas pour autant. Sitôt, il dût se pencher devant elle, alors qu’elle ne se décramponnait pas de son cou. Il tenta de se défaire de son étreinte, mais elle tint bon. Doucement, Sephiroth approcha ses lèvres près de son oreille et murmura :

- Délaisse un peu mon cou, je vais finir par avoir mal.

La jeune Utaïenne éclata en sanglots faibles et s’empressa de lui répondre.

- Je veux pas être toute seule ici! Restez avec moi!

Là-dessus, elle resserra son embrassade et il ne put lui résister, si désespérée qu’elle fut. Le grand homme s’assit finalement sur le matelas et enleva ses chaussures, ainsi que la jeune fille, sans toujours le lâcher. Une fois cela fait, elle s’endormit aussitôt, cimentée à son protecteur, qui n’en dérougissait pas. Il pensa que son cellulaire devrait être confisqué, et qu’il ne se priverait pas de le faire, puis, qu’il était inutile de s’entêter à rester dans un lieu qu’Utaï connaissait désormais comme étant la cachette de Riny. Dès le lendemain, il appellerait la ShinRa et emballerait ses trucs pour retourner à son appart avec Ambereyes. Peut-être cela ne lui plairait-il pas, mais il n’avait pas le choix. Le soldat se devait de la mettre en sécurité! Après l’avoir contemplée trait par trait pendant plusieurs minutes, Sephiroth sentit quelque chose de violent gronder en lui, mais ne fit que fermer les yeux pour s’endormir à son tour, oubliant le fait que des individus s’étaient agglutinés chez lui pour tuer ce petit être blotti contre lui…

CHAPITRE 14

- … Elle dort encore, mais tu verras, elle est super sympa…!

Cette phrase, dite plus forte que les autres par une voix qu’elle reconnaissait parfaitement l’éveilla. Premières constatations : Sephiroth n’était plus là, il faisait clair dehors et des tas de voix retentissaient dans la maisonnée. Riny se leva en vitesse, jeta un coup d’œil à ses vêtements ; adéquats! Ses cheveux par contre, étaient autre chose. Les dresser n’était pas trop compliqué quand on avait une bonne brosse et un peigne approprié, donc, sans trop de misère, Riny réussit à se faire un truc qu’elle réussissait rarement à faire sans l’aide de quelqu’un : une tresse. Un petite natte, mais bien faite. Attrapant toutes les attaches possibles pour se les ficher dans les cheveux afin de tout faire tenir, la jeune fille sortit en toute hâte. Reno était là! Ça ne faisait pas si longtemps depuis la dernière fois – deux jours en fait –, mais elle était toujours contente de le voir. Les derniers événements de la soirée précédente ne figuraient plus dans sa mémoire. L’émotion laissait souvent place à l’oubli. C’était une conséquence fréquente de tout choc important. L’Utaïenne descendit rapidement et légèrement les escaliers, se demandant vaguement si Elena, Rude et Tseng seraient là eux aussi. Elle ne prit même pas la peine de regarder en bas qu’elle tomba face à face avec un grand homme d’une quarantaine d’années, aux cheveux bruns courts, à la barbe mal rasée et arborant une longue cicatrice sur la joue. Il portait l’uniforme des Turks. En réalité, son air sérieux le vieillissait probablement, mais elle reconnut en lui quelque chose d’impérieux, de supérieur. Qui était-il? Pendant un bref moment, tous deux se dévisagèrent, chacun se demandant probablement ce que l’autre faisait là. Puis, s’excusant dans un murmure, il la contourna pour aller à l’étage, laissant là une Riny déconcertée. Au final, elle aboutit enfin au rez-de-chaussée, où, jetant un coup d’œil furtif à Sephiroth, elle se dirigea vers la touffe de cheveux flamboyants près de la cuisine. Le Général discutait avec ce qui semblait être Tseng, alors que Reno se tenait avec Rude et… une fille? Ok, le fait qu’il fut avec une fille, rien de surprenant à ça, mais une adolescente Turk alors là! D’ailleurs, la place semblait grouiller d’agents de la ShinRa. Ici et là, des hommes et des femmes en uniforme noir se déplaçaient et discutaient entre eux. Que faisaient-ils tous là? Était-ce en rapport à…? Elle passa à côté d’une fille portant un shuriken géant et d’un gars portant des lunettes doté d’un katana. Elena n’était pas en vue. Une fois en face des trois jeunes Turks, Reno lui sauta au coup.

- Riny! Regarde Yuri, comme elle est adorable!

« L’adorable » en question contempla celle qui s’appelait Yuri. Elle avait visiblement son âge, comme Aeris, et ses cheveux noués en une longue queue de cheval étaient d’un châtain clair et ses yeux d’un bleu céruléen. Ils brillaient de malice et d’intelligence. Yuri était grande et svelte et son visage avait des traits incroyablement harmonieux. De plus, elle semblait avoir subi l’influence de son collègue aux cheveux roux puisque son blouson était déboutonné de deux ou trois boutons du haut, sa cravate gisant dans son cou, détachée elle aussi. Rude aussi était là, et il n’avait pas changé d’un poil! Toujours chauve, avec ses lunettes aux verres fumés et son air sérieux. Reno se détacha de sa petite Utaïenne favorite et poussa son amie aux yeux de saphir dans le dos pour la rapprocher de Riny.

- Bébé, dit-il à l’orpheline, je te présente le nouveau petit lys des Turks, Yuri!

Compatissante avec le « lys » en ce qui concernait les surnoms affectueux de Reno, l’adolescente fit un sourire gentil à sa nouvelle comparse de la ShinRa, qui lui répondit, après quelques secondes, par un clin d’œil et un sourire aimables et entreprenants. Toutes deux se serrèrent chaleureusement la main, sous le regard faussement attendri de Reno, qui faisait le pitre comme toujours.

- Salut, moi c’est Yuri, mais tout le monde ici m’appelle Yuu. Nouvelle Turk, petite chérie de Reno, apprentie cuisinière de gaufres au sucre et aussi la plus jolie recrue jamais engagée par notre goinfre dodu adoré de patron, énuméra la drôle de jeune fille en riant.

- Tiens, tu parles de Heidegger ou du Président? demanda Rude, sur le point de sourire aussi.

Cette remarque insultante à propos de l’un des hauts fonctionnaires proches de ShinRa fit rire tout le monde, qui connaissaient trop bien Heidegger ou le président. Les quatre adolescents se mirent alors à discuter des événements environnants avec un peu plus de sérieux. On présenta tous les Turks inconnus à Riny. Le grand gars aux cheveux bruns roux avec des yeux bleus qui se tenait dans le salon avait à peine leur âge et il avait été engagé après avoir impressionné les Turks en essayant de voler une moto à la ShinRa. C’était Reno qui l’avait attrapé. Il se nommait Sain. L’autre avec de longs cheveux noirs et un toupet indomptable s’appelait Rafe, était un ex-garde du corps de Don Corneo ainsi qu’un as de la tire. Il y avait là aussi une ex-mercenaire aux cheveux bruns clairs, Cyr, qui était une pro des arts martiaux, un corpulent et musclé ancien détective de Costa Del Sol dont le nom était Durman qui se battait avec ses poings et pour finir, un drôle de duo d’inconnus. En effet, une jeune fille aux cheveux roux frisés ayant soi-disant passé sa jeunesse sous un entraînement pour le moins drastique qui se battait avec un shuriken géant, ainsi qu’un grand maître d’épée aux cheveux noirs – probablement huilés soigneusement – portant aussi une paires de lunettes aux verres minces qui venait de Gongaga. Tous avaient un air sérieux et étaient concentrés à la tâche, sauf leur petit groupe, qui s’amusait dans son coin.

- Personnellement, le plus sympathique du lot c’est bien sûr le gros Durman, à mon avis! commença Reno. Cyr, la demoiselle brune experte en arts martiaux, n’a rien à foutre de nous. Elle est pire qu’un homme! Autoritaire, tout ce qui l’intéresse c’est son prochain chèque de salaire. Une vrai sorcière! Le gars de Gongaga et la fille au shuriken sont plutôt étranges. Je ne les aime pas! Remarque, ce sale voleur de Sain est plutôt agréable quand il le veut bien. Il conduit les moto comme personne! Mieux que Yuri même! Il est un peu fier et exubérant par contre. Je dois dire aussi qu’il n’est pas dans la dynamique de l’ancienneté qu’on pratique! Et en ce qui concerne le bon vieux garde du corps de ce très cher Corneo, notre Rafe, et bien on dit que ses victimes n’ont pas le temps de regarder ses revolvers qu’ils sont déjà morts! Il n’est pas sociable et déteste travailler en équipe.

La jeune collègue de Reno hocha la tête et fit une grimace dans le dos de Rafe, qui parlait avec un comparse. Riny haussa les épaules, sans réellement comprendre, puisque les agissements des Turks restaient un mystère pour elle. Rude, quant à lui, baissa un peu les yeux. Les jeunes gens cessèrent de parler et un silence gênant plana un peu avant que Yuri n’éclate de rire et n’attrape l’ex-Utaïenne.

- J’ai toujours rêvé de savoir ce qui se cachait sous cette couverture rêche et placide que porte le général Sephiroth. Raconte un peu! jubila-t-elle.

L’autre répondit en faisant la moue.

- J’en ai marre de raconter ça à tous bouts de champs! Ça vous embête pas que je passe mon tour cette fois-ci? soupira notre expatriée.

CHAPITRE 14 PART 2


Rude lui tapota gentiment l’épaule, tandis que Reno et Yuri se jetaient un regard très complice. Riny en fut presque effrayée, car ces cruels sourires paraissaient lui être destinés. Toutefois, cette expression sauvage disparut peu après pour laisser place à la gaminerie habituelle. Le grand rouquin s’approcha de son amie timide et lui dit, dans un chuchotis espiègle qui lui ressemblait beaucoup :

- Tu vas enfin venir nous retrouver au QG! Ça va trop être jovial! Tous les soirs, je te le dis, c’est la fête – à part quand on est en mission – . Yuri, on pourrait l’initier, comme avec les Turks! Ou encore on pourrait t’enlever ta gêne un peu avec le whisky pur feu qu’on a déniché dans un bar de Costa!

Yuri posa un doigt sur ses lèvres, plaçant son regard brillant d’espièglerie sur sa compère. Riny ne semblait pas comprendre, puis elle se figea. Ce n’était pas tant l’histoire du whisky pur feu que celle du « Tu vas enfin venir nous retrouver au QG » qui la pétrifiait. Cela ne pouvait-il pas signifier qu’une seule chose? Sephiroth avait-il décidé de retourner à la ShinRa? Sans le lui dire? Elle partait de cet endroit qu’elle venue à apprécier? L’adolescente se souvenait parfaitement de son dernier séjour au « QG » comme disait Reno. Alitée, dans un lit inconfortable, elle avait attendu des heures, des médecins aux airs placides et ennuyant la visitant de temps à autre, bien qu’il y eût aussi Elena. En sortant de là, elle avait pu explorer des yeux les corridors de l’hospice peints en vert, comme tous les autres établissements ayant la fonction de soigner. Puis, en entrant dans un nouveau secteur qui ressemblait à une école, elle avait aperçu ces gens qui l’avaient dévisagée… Son cœur se serra légèrement. Non. Elle voulait rester! Ce lieu lui était inhospitalier et jamais elle n’aurait voulu y retourner!

- Je ne comprends pas… murmura-t-elle.

À ces paroles qu’elle avait prononcées avec un certain désespoir, Rude, Reno et Yuri se firent soudainement sérieux. Riny n’était pas aussi enthousiasmée à l’idée qu’eux. Pourquoi? Ils n’en savaient rien. Visiblement, le fait de déménager la rendait malheureuse, et ils ne comprenaient pas non plus. Ne l’avait-on pas attaquée la veille? Cela ne suffisait-il pas à la convaincre de partir? Il ne semblait pas en être ainsi. Il fallait bien admettre que l’endroit présent était charmant, mais quand même! Les traits de leur amie étaient à nouveau tirés par la fatigue et la tristesse, comme lors de sa première rencontre avec Elena. Yuri, prenant une initiative personnelle, lui donna une tape sur l’épaule et déclara assez fort :

- Allons boucler tes affaires, Riny-chan! Au fait, ça fait pas très oriental comme nom Riny? C’est vraiment ton vrai prénom? Et Ambereyes, ton nom de famille?

L’interpellée, encore ébranlée, souffla un peu et haussa les épaules. C’était la première fois qu’on lui posait cette question. Elle était étrange cette Yuri, mais sympathique heureusement. Toutes les deux, elles se dirigèrent vers les escaliers afin d’aller à l’étage. Ambereyes zieuta quelques secondes l’homme étrange qui l’avait longtemps considérée dans les marches. Celui-ci discutait désormais d’un ton solennel avec Sephiroth et Tseng, qui le respectaient grandement, semblait-il. Se demandant qui était réellement cet homme, elle baissa les yeux, perdue dans ses réflexions. Puis, grimpant lentement les escaliers, elle demanda à la jeune Turk si elle savait quelque chose sur lui.

- Tu ne connais pas le « Grand Manitou »? lui répliqua Yuri, surprise.

- Je croyais que c’était Tseng, ça, dit Riny, aussi étonnée que l’autre, bien que ce ne fut pas pour les mêmes raisons.

- Non, Tseng c’est le DS : le « Dictateur Suprême »! se moqua délibérément l’autre fille. Mais pour revenir à ta question, ce vieux-là c’est Veld, l’ultime boss des Turks. C’est lui qui nous commande pour l’instant, et son règne ne durera pas éternellement. Tseng le remplacera un jour ou l’autre, c’est sûr. Il est bizarre. En tout cas, moi il me fait peur, et jamais je n’oserais lui désobéir! Veld a une autorité incroyable sur nous tous! Tu vois, même Reno plie l’échine devant lui, et c’est rare!

Elles éclatèrent d’un rire franc. Puis, le « lys » revînt à sa question d’origine, alors qu’elles se dirigeaient vers la chambre de Riny.

- Tu ne m’as toujours pas répondu en ce qui concerne ton prénom, dit-elle.

L’Utaïenne avait repris un peu de sa bonne humeur, bien que l’envie de partir ne l’attirait toujours pas.

- Heu… c’est un peu compliqué cette histoire. Mais, comme tous les citoyens d’Utaï, j’ai un nom oriental. Seulement, puisque ma mère venait de Nibelheim et était occidentale, elle me surnommait Riny, alors c’est resté comme ça. Sur ma plaque d’identification, mon frère a voulu me taquiner et a fait écrire ce surnom, et voilà que tout le monde a commencé à m’appeler Riny. Mais quand mon père était fâché, il m’appelait par mon vrai nom, raconta la jeune fille.

- Et c’est quoi ton vrai nom? l’interrogeait toujours la fille aux yeux d’océan.

L’autre secoua la tête en signe de négation. Ce nom, elle s’en souvenait, mais elle ne voulait plus l’utiliser depuis la mort de son père. Il était le seul à l’appeler ainsi, alors elle ne voulait pas que quelqu’un d’autre que lui en fasse office. Yuri était bien gentille, mais certains souvenirs étaient trop douloureux pour les connaître. Déjà souffrait-elle de la perte de son chez-soi, bien qu’un mois eût passé depuis. Toutefois, elle ne voulait pas que l’on retourne le couteau dans la plaie. Elles entrèrent dans la chambre de l’orpheline et commencèrent à remplir le grand sac de voyage qu’elle avait utilisé la première fois qu’elle était arrivée. Plus le temps passait, plus l’idée de partir rassurait Riny, en quelque sorte. Yuri avait ce don pour la faire rire, un peu comme Zack.

- Pourquoi es-tu devenue Turk, Yuri? demanda l’expatriée, alors qu’elle enfouissait toutes ses paires de jeans au fond d’une grande poche.

La nouvelle recrue secoua la tête en riant.

- Je suis née à Mideel dans une famille de « classe riche » – excuse l’expression – en tant qu’unique enfant. Tu vois, étant petite, j’étais la fillette à papa distinguée et j’adorais chasser. Très jeune, je me suis révélée excellente à la chasse et à la tire. On m’a vite remarquée et recrutée pour devenir une Turk. À chaque mission importante qu’on m’assigne, je ne peux faire autrement que d’être transportée de joie, car je dois attraper cette proie affolée, comme quand j’étais petite. J’adore ce métier!

CHAPITRE 14 PART 3

Yuri riait toujours alors que Riny la regardait, un peu étonnée et dégoûtée à la fois. Elle n’avait jamais vu les Turks comme des chasseurs, mais désormais, elle était forcée d’admettre que cette description leur allait bien. Ils étaient des assassins après tout, et puis Yuri était quelqu’un de bien, mais c’était son travail de tuer des gens. Tout comme Sephiroth! Si Riny avait su ce que c’était réellement d’être un Turk! Ces gens qui portaient un uniforme et une cravate, bien que ceux-ci finissaient toujours tachés de sang. Ceux qui ne travaillaient dans un bureau que pour remplir un rapport détaillé du dernier assassinat perpétré. Sinon, ils allaient et venaient dans la rue, suivant les ordres et tuant tout ce qui avait le malheur de s’opposer à eux. Suivre les ordres. C’était ça, la base du métier de Turk. Et bien sûr, la culpabilité en faisait aussi parti. Comment dormir tranquillement lorsqu l’on a des millions de meurtres sur les épaules? Tous se faisaient alors une raison. Ce job, il devait être fait! Si parfois les missions et les ordonnances pouvaient être tout à fait dégoûtantes, à ce stade-là, elles rapportaient beaucoup plus. La ShinRa n’avait aucun principe, si ce n’était que de remplir ses coffres à ras bord en détruisant la Rivière de la Vie. Et puis, il y avait les victimes, qui, la plupart du temps, bien qu’elles s’opposèrent, ne voulaient que nourrir leur famille. Car la pauvreté dominait dans un monde ou le bien et le mal n’existaient pas. Tout ce qui comptait, c’était ce que la personne croyait, ni plus, ni moins. Les Turks n’étaient pas si différents. Toutefois, leurs principes à eux se résumaient à être ceux de leur supérieurs. Mais comment aimer des chefs cruels? À ça, personne ne pouvait y remédier. Tout ce qui s’opposait à la ShinRa déstabilisait son pouvoir sur les gens. Sans elle, soit le monde aurait été parfait, soit il aurait été chaotique. Et la perfection n’existait nul part. Tous se souvenaient de la guerre d’Utaï. Comment ne pas s’en souvenir? À ce niveau-là, la ShinRa n’avait pas encore tout le monde en son pouvoir, mais cela n’aurait su tarder. Finalement, les rivaux s’étaient soumis comme tous les autres, et depuis, l’entreprise dirigeait la vie de tous et chacun. Personne n’aimait vraiment cela, mais chacun avait fini par s’y adapter. L’argent ne coulait pas à flots dans les villes, mais lorsqu’il y en avait, c’était la folie furieuse. Les Turks obéissaient à ce rythme de vie. Le fric était la clé! La seule signification de la profession d’agent de la ShinRa était celle-ci : « Appuie sur la détente et suis les ordonnances. »

- Yuri, tu… tu ne t’en veux pas parfois de faire ce que tu fais? demanda la jeune Utaïenne, tristement.

Interloquée, la jeune fille hocha la tête, mais sourit peu après. Elle regarda ses mains et se mit à les frotter ensemble.

- Quelqu’un doit le faire, non? répliqua-t-elle, fixant toujours ses mains.

Riny haussa les épaules, comprenant peu le sens de ce métier. La ShinRa restait un mystère pour elle, ainsi que tous ses employés, fussent-ils vingt-quatre heures sur vingt-quatre avec elle. Après quelques minutes, elles finirent de remplir le premier sac et commencèrent à en remplir un deuxième. À la fin, les deux immenses bagages de vêtements furent laissés là, et Riny s’occupa de vider ses objets personnels pour les mettre dans le dernier compartiment libre du premier sac. Elle en avait peu, et ce fut donc assez facile à entreposer. Tout cela ne dura tout au plus qu’une dizaine de minutes, puis ensuite Riny et Yuri lorgnèrent, épuisées à l’avance, les deux immenses fardeaux qui les attendaient. « Lys » se courba et soupira, d’une manière mélodramatique. Puis elle fit un semblant de sanglots très exagéré avant d’éclater de rire, suivie par son amie.

- Tu peux tout de suite me féliciter de mes talents de Drama Queen! se moqua la jeune Turk.

- J’adorerais être si talentueuse, mais je n’ai sûrement pas de don comme le tien, répliqua l’adolescente aux yeux noisettes, pleine de sarcasmes.

Elles se moquèrent aimablement l’une de l’autre encore quelques minutes, puis Yuri tenta infructueusement de soulever l’un de ces satanés sac. À deux, les résultats se firent plus brillants, mais elles n’osaient s’imaginer traîner à deux un sac devant la foule de soldats bien entraînés qui se trouvaient en bas. Se tapant le front, la plus audacieuse des deux fit un clin d’œil à sa camarade et se rua hors de la pièce. Riny l’entendit dévaler les escaliers à toute vitesse, puis à peine une trentaine de secondes plus tard, remonter, des renforts sur les talons. Reno, Sain et Rude débarquèrent en quelques secondes et emportèrent, sur les ordres de Yuri, les deux gros sacs de l’adorable Utaïenne. Celle-ci fut immédiatement amusée par le style rebelle, gamin et ironique de Sain, qui resta quelques secondes pour taquiner Yuri.

- Je vais devoir t’entraîner! Imagine si Cyr apprend ça! Tu vas passer pour la faiblarde du groupe, disait-il. Mais ce n’est pas grave, Tonton Sain va te protéger et t’aider à développer tes muscles!

- Ta gueule Sain! Je n’avais seulement pas envie de porter tout ça, et puisque vous êtes là, autant vous utiliser, stupides bêtes de somme que vous êtes, tous les trois, rétorquait sa collègue.

Puis le voleur de moto aperçut Riny qui le regardait, amusée et souriante. Reno et Rude étaient déjà sortis, mais le jeune homme auburn s’attarda. La Turk présente eut compte de leur échange de regard, puis soupira. Cet idiot était exaspérant et imprévisible. Elle espérait que la jeune fille ne fraterniserait pas trop avec lui, puisqu’elle semblait sympathique d’instinct.

- Mais qui voilà donc? Gente damoiselle, laissez-moi me présenter : Sire Sain, à votre service. Pour vous je transporterais des millions de sac semblables! déclara-t-il, haut et fort.

CHAPITRE 14 PART 4

Quelle tactique! pensa Yuri pour elle-même. Les vieilles salutations n’avaient pas d’effets positifs sur sa manière de penser à elle, pour le moins. Mais son amie sembla apprécier et rit, alors que Sain s’inclinait maladroitement. Il faillit lui faire un baisemain, mais la chasseresse l’attrapa par l’oreille à temps et le traîna hors de la pièce, le lourd sac à l’épaule, sur les talons du duo inséparable que représentaient le rouquin et le chauve. L’expatriée fut laissée seule dans sa propre chambre et elle s’assit sur son lit, dos à la sortie. Elle scruta les murs verts et beiges et aussi le grand miroir qui trônait près du lit. Sans aucun doute, depuis un mois, elle avait repris des couleurs. Son arrivée dans cette maison n’avait pas été une réussite, mais cette chambre, elle avait fini par la considérer comme un havre avenant. Riny jeta un rapide coup d’œil à sa table de chevet et vit que le livre qu’elle avait emprunté voilà quelques temps à Sephiroth s’y trouvait encore. Elle s’en saisit et le feuilleta encore, lisant certains passages de la narration de la guerre d’Utaï. Après quelques minutes, elle le referma et se dit qu’elle allait devoir le rapporter à la bibliothèque personnelle de son protecteur. Le reposant à ses côtés, l’adolescente châtaigne se demanda si réellement il pourrait se rendre compte de l’absence d’un de ses précieux volumes. Peut-être. Ça lui aurait ressemblé. Riny considéra le livre et attrapa le dernier bagage qui lui restait, sa bourse. Désirant être certaine d’avoir l’ensemble de ses possessions, elle l’ouvrit et passa en revue tout ce qu’elle gardait là-dedans. À première vue, il ne semblait rien manquer du tout, pas même le plus petit objet inutile qui soit ; un trombone dans ce cas-ci. Toutefois, il arrive souvent à quelqu’un qui met en ordre ses affaires de s’occuper des choses les moins importantes, absolument certain d’avoir bien en main ce qui l’est vraiment. Puis, alors que cette personne sourie, satisfaite de tout avoir, elle se rend compte qui lui manque quelque chose de primordial. Ce fut exactement ce qui arriva à Riny. Son cellulaire manquait à l’appel. Il contenait toutes ses photos, tous ses souvenirs, tous ses mails. Jamais elle n’aurait osé le perdre où que ce soit, le briser ou encore l’abandonner quelque part. Il était son fétiche ; la seule chose qui la ramenait vers les jours heureux qui avaient autrefois été siens. S’en séparer signifiait tout oublier, bien que cela aurait nettement été plus facile. L’Utaïenne s’affola un peu et fouilla la pièce, assurée que le téléphone ne l’avait pas quittée. Non! Où pouvait-il être bien passé? Et si on le lui avait volé? Oui! Les intrus de la veille… Elle saisit sa tête entre ses mains. Elle ne voulait pas se souvenir des derniers événements, mais son PHS…? Sephiroth pourrait peut-être faire quelque chose! Elle allait devoir lui en toucher un mot au plus vite. Ils quittaient bientôt, très bientôt. Que ferait-elle sans son cellulaire? La jeune fille s’arrêta brusquement de faire les cent pas et se calma. Elle retourna s’asseoir sur son lit, malade d’inquiétude. « Léviathan! Qu’il ne soit pas perdu, qu’il ne soit pas perdu! », pria-t-elle. Puis, peu à peu, elle réussit à chasser ses peurs et tenta de se résigner. Il était toujours difficile de laisser quelque chose qui nous tenait à cœur. C’était comme demander à des pilotes d’arrêter de voler. Ça semblait impossible en tous cas. Riny en souffrit pendant une vingtaine de minutes, puis elle finit par se lever, voulant se convaincre qu’elle le retrouverait. Mais ce n’était pas net dans sa tête. Elle n’y avait pas touché, alors qui donc aurait osé? Plongée dans ses réflexions, la tête basse, elle ne vit pas tout suite les bottes noires qui venaient d’entrer dans son champs de vision, trop concentrée. Néanmoins, bien qu’elle sursauta en les apercevant, la petite demoiselle reconnu sur le champs Sephiroth. Celui-ci avait l’air plus ou moins inquiet, mais il était très calme. Il l’examina rapidement des yeux de la tête aux pieds et déclara, avec cette expression soucieuse que peu lui connaissait :

- Ça ne va pas?

C’était le moment idéal pour lui parler de la disparition du portable. Riny saisit l’occasion sans hésiter, déterminée à tout faire pour le ravoir.

- Je… J’ai perdu mon PHS et je me demandais si… si vous ne sauriez pas où il aurait pu être? le questionna-t-elle.

Le Général redevint complètement froid à la mention du téléphone et décida de dire la vérité à la jeune fille. Apparemment, elle n’avait pas compris que ce maudit cellulaire aurait pu la mener à sa perte s’il n’avait pas été là. Il était temps de le lui expliquer. De plus, il réglerait un autre problème en même temps. Il devenait primordial qu’elle s’abandonne à sa nouvelle position et qu’elle oublie le reste. Elle vivait dans le passé, ou du moins, l’enviait. Bien sûr, il aurait été facile à Sephiroth de demander à un quelconque médecin de la ShinRa de lui faire tout oublier, mais il n’y tenait pas vraiment, compte tenu que ces soi-disant médecins avaient parfois des pratiques douteuses. Et il était bien placé pour le savoir, lui. Revenant sur le moment, il jugea que prendre des heures pour expliquer à la gamine le pourquoi et le comment de la confiscation du PHS n’étaient absolument pas nécessaires. Et il n’était pas le genre d’homme à parler pendant des heures. Tout indiquait en lui qu’il du type à écouter les autres deviser, et parfois, bien que rarement, émettre son opinion par après.

- Ne le cherche plus. Je crains qu’il ne te soit perdu à jamais, l’avisa-t-il, sévèrement.

La jeune fille ne comprit pas. Toutefois, une chose lui fut clairement exposée : Pour son protecteur, le sujet était clos. Pourquoi? Pourquoi ne savait-elle jamais rien? Elle avait l’impression parfois que d’autres en savaient plus qu’elle sur elle-même et cela la déprimait considérablement. Le grand homme lui tourna le dos, lui annonça qu’ils partaient dans quinze minutes et quitta la pièce, laissant là une Riny trop confuse pour articuler quoi que ce fut. Cette personne, Sephiroth, ne lui faisait définitivement pas confiance. Sinon, pourquoi persistait-il à rester si mystérieux. Ou était-il en colère contre elle. Cette hypothèse lui semblait plus juste. Il la croyait sûrement assez responsable pour rester toute seule trois jours en tout cas. Quoi qu’il pu penser, Ambereyes était certaine d’avoir agit intelligemment et de manière conséquente. Elle en était persuadée. Mais elle était trop naïve pour connaître l’existence d’une technologie pouvant déceler tous les secrets et toutes les données concernant une personne cachée par une protectrice plus puissante qu’elle n’aurait pu l’espérer. Cela la rendait innocente à toute erreur commise, puisque les enjeux lui étaient évidemment inconnus. C’était dans ces conditions qu’elle avait continué à se connecter de par son portable pour voir des amis, même si elle ne leur parlait pas. Néanmoins, elle n’avait pas signalé au puissant soldat qu’elle possédait ce téléphone, ce qui aurait été une idée sensée. Mais encore là, accuser quelqu’un de vouloir avoir un peu d’intimité est insensé. Tout cela, Riny ne le savait pas et n’en pratiquement pas conscience. Jamais elle ne l’aurait d’ailleurs su si Yuri ne lui en avait pas parlé, alors que toutes deux sortaient de la maison, le départ sonné. La résidence était désormais vide, bien que la plupart des meubles et des accessoires y soient restés. La jeune expatriée jetait un dernier regard en arrière quand la jeune femme Turk s’approcha d’elle d’un pas gracieux mais ferme. Posant sa main sur l’épaule de son amie et se fit rassurante. Curieuse, elle questionna l’Utaïenne :

- Riny, tu sais, j’ai entendu dire qu’hier soir, ces pseudo tueurs qui se sont attaqués à toi t’ont retrouvée simplement à cause d’un maudit téléphone!

Au tout début, l’Utaïenne écoutait l’autre sans vraiment l’écouter. Puis elle alluma sur la phrase. Choquée, la jeune fille ne comprit pas tout de suite de quoi Yuri parlait, puisqu’elle s’était inconsciemment forcée à tout oublier l’horreur de la nuit précédente. Néanmoins, après quelques fractions de secondes, un violent flash la rappela à la réalité et elle hoqueta de douleur, une vilaine migraine lui déchirant le crâne au même moment. Voilà pourquoi! C’était de sa faute. Tout était de sa faute! Si elle n’avait pas eu ce maudit portable! C’était parce qu’elle l’avait laissé son acompte en fonction - donc en ligne - que les siens l’avaient retracée sans difficultés. « Aïe! » fut sa seule réponse à la déclaration de la nouvelle recrue de la ShinRa. Sa tête lui faisait mal et son estomac se contractait à la seule pensée que Sephiroth puisse l’inculper, encore que c’était un peu sa faute. Il était sûrement terriblement en colère contre elle. Bien sûr, lorsqu’elle avait questionné le puissant soldat, il n’avait rien dit pour ne pas la mettre mal à l’aise, mais maintenant qu’elle savait pourquoi, elle se sentait minable et petite. C’était lui qui avait le PHS. Le SOLDIER argenté l’avait, et il ne le lui avait pas dit pour ne pas la mettre dans tous ses états. Ou peut-être n’était-ce pas pour la même raison? Comment savoir? Riny Ambereyes n’était pas du type persistant. Elle n’irait pas lui en reparler. Dans un monde, il y a toujours les forts et ceux qui sont sous la protection ou la divine colère des forts. L’orpheline faisait partie du deuxième groupe, et elle le savait. Elle était naïve, mais pas stupide. Yuri la regardait, inquiète en voyant son amie se frotter machinalement les tempes. Qu’est-ce qui lui prenait tout à coup? Avait-elle dit quelque chose de mal? Attrapant les épaules et collant la plus jeune, elle ne dit plus rien, comme pour la réconforter. Puis, jetant un regard autour d’elle, elle vit Reno, Rude et Sain s’engueuler avec Rafe sur on ne sait quel sujet. Quels bandes de cons! C’était bien le seul truc qu’ils étaient foutus de bien faire, se chicaner. Toutefois, la dispute s’avançait sur des terrains plutôt dangereux quand l’ancien garde du corps frappa Reno en plein visage. Celui-ci répliqua furieusement par un habile coup de pied au ventre. Pourquoi se bagarraient-ils si violemment? Quel motif idiot aurait pu les pousser à vouloir se casser la gueule si chèrement? Yuri n’en savait rien, mais ces crétins allaient devoir se trouver d’autres occupations plus pressantes! Se rapprochant plus près pour les couvrir d’insultes et de remontrances, elle fut devancée assez soudainement par un Tseng en furie et un Sephiroth plutôt calme, bien que la colère brûla ardemment dans ses yeux verts Mako. Les deux supérieurs retinrent fermement leurs subordonnés après quelques baffes bien mérités comme sermon ainsi que d’une déclaration furibonde de la part du deuxième commandant en poste des Turks. D’après ce que le « Lys » en avait vu, Reno était bon pour un œil au beurre noir et son opposant, un nez cassé. Mais aucun d’entre eux n’osèrent résister au Général et à Shion-san. Cela aurait été pure folie à vrai dire. Riny elle-même avait cessé de se tourmenter pour regarder la scène. Tout le monde en avait fait de même. Le lourd silence des gens présents qui observaient rendait l’atmosphère oppressant et la recrue Turk préféra abandonner sa contemplation, car de toute manière, l’action était terminée.

CHAPITRE 14 FIN

- Qu’est-ce qui ne va pas? demanda-t-elle à l’ex-Utaïenne.

La questionnée avait entre-temps reprit ses esprits et le contrôle de ses émotions. Après avoir tant bien que mal tenté de se rassurer et de se convaincre qu’elle n’avait pas fait exprès pour l’histoire du cellulaire et que Sephiroth l’avait compris, elle avait fixé la scène de bagarre avec autant d’intérêt que les autres.

- Je… tout va bien, maintenant que tu m’en parles, répondit-elle, incertaine.

- Si tu le dis… finit Yuri.

Le réel départ se fit sans anicroches, si on ne comptait pas la dispute et l’intervention qui eut été requise pour l’arrêter. L’adolescente d’Utaï n’eut d’autres choix que de refaire un de ces voyages en moto qu’elle méprisait tant, alors qu’un tour de voiture ou d’hélico l’aurait largement satisfaite, bien que les hauteurs n’étaient pas son point fort. Persuader quelqu’un comme le soldat le plus puissant de la ShinRa à agir contrairement à ses décisions était une chose impossible en soi. Voilà pourquoi les deux nouvelles amies n’avaient pas pu voyager ensemble. Cependant, résidant désormais toutes deux à Midgar, elles auraient largement le temps de mettre leur causerie à jour aussi longtemps qu’il leur plairait. Mais possiblement le grand homme préférait-il avoir un œil sur sa protégée afin qu’elle ne fasse pas trop de bêtises, comme celle du PHS par exemple. Du moins, ceci fut la seule explication que Riny trouva à son refus. Et très probablement que Sephiroth dépréciait son amitié envers Reno, Rude et Yuri. Elle ne savait pas exactement pourquoi, mais cette impression planait étrangement au-dessus d’elle. Cette fois, expérimentée en ce qui avait attrait aux bosses, falaises et détours dangereux en moto, le long kilométrage séparant son ancienne demeure et Midgar se fit sans qu’elle n’eut le moindre problème. Ce voyage fut toutefois silencieux et sans la malice qu’il y avait eu la veille, ce qui éveilla en l’orpheline un sentiment de solitude et de malaise. Une seule chose laissait son cœur joyeux et serein : La promesse d’une vie plus sociale avec d’autres gens que son précieux gardien dans un appartement moins intimidant que cette grande maison isolée de tout. Elle sourit pour elle-même, et, à sa propre surprise, éclata d’un rire franc et cristallin qui fut étouffé par la force du vent qui faisait voleter ses cheveux courts. La médaille avait toujours son côté plus attirant…

CHAPITRE 15


Il n’existe qu’un seul mot pour décrire ce qu’était le bâtiment principal de la ShinRa Electric Power Company : Labyrinthique. Riny aurait aussi ajouté personnellement immense, sombre, sans goût, peu rassurant et d’innombrables autres défauts. Même l’aile des appartements des employés était peu décorée et n’avait rien de charmant. Yuri aurait probablement dit quelque chose dans le genre : « Les mecs qui sont ici n’ont pas de classe, ne sont pas fiers et se foutent de l’apparence de leur garçonnière (tu vois le jeu de mots? J’suis trop marrante je sais!). Mais c’est normal parce que ce sont justement des gars qui vivent ici! » Les quartiers riches de Midgar avaient toutefois nettement plus de gueule, d’après ce que l’adolescente avait pu en constater. Ceux-ci étaient stylés et modernisés, un montant considérable d’argent ayant visiblement été investi dans leur construction. De toute manière, la plupart des dignitaires y vivant étaient des personnalités influentes, ou encore de hauts fonctionnaires de la puissante manufacture. Bien sûr, le bâtiment ShinRa avait dû coûter un prix de fou, mais il était sobre et un peu effrayant avec ce halo vert l’entourant qui provenait de la Mako. L’architecture de la place était aussi impressionnante car le genre futuriste qu’on y avait ajouté et que l’on aurait jamais vu avant l’arrivée de la Conglomération donnait une touche d’irréalisme, ce qui allait de soi avec l’arrogance de la compagnie. Les milliers d’escaliers, d’ascenseurs, d’ailes ou encore de services offerts rendaient l’édifice aussi peuplé, sinon plus qu’une ville avec un nombre honorable d’habitants. Et c’était sans parler des néons immenses des passerelles reliant les ailes les une aux autres. On aurait pu comparer cette lumière lugubre à celle d’une discothèque. Provenant elle-même d’Utaï, une petite ville tout de même considérable, la jeune exilée était bouleversée par l’agitation continue qu’on retrouvait à la ShinRa. Bien sûr, les habitués se moquaient d’un tel émerveillement, mais quand on dit que la possession d’un ordinateur ultra avancé abasourdit quelqu’un, celui-ci n’ a certainement jamais eu affaire à cette agglomération de soldats et de scientifiques améliorés. C’était ces pensées qui jaillissaient dans la tête de la jeune adolescente, alors que celle-ci suivait, sans se prononcer sur rien, son protecteur tout de noir. Tous deux déambulaient les sinueux dédales de la bâtisse, suivis par Tseng qui, de temps à autre, échangeait un mot ou deux avec Sephiroth, qui hochait la tête. Il y avait aussi Reno et Sain, à l’arrière, qui portait les bagages de Riny, mais le cortège s’arrêtait là. Depuis le départ, Riny s’en culpabilisait, le grand homme ne lui avait pas adressé la parole, montant entre eux un silence gênant. Celle-ci se contentait de regarder partout, comme pour mémoriser le chemin exact qu’ils utilisaient pour se rendre à leur destination. Mais l’itinéraire qu’ils empruntaient était, pour dire, excessivement confondant. Un couloir à gauche, un ascenseur à droite, quelques escaliers ici et là, des salles à traverser un peu partout… La jeune réfugiée n’aurait su dire si elle était en hauteur ou bien profondément dans le sol, son sens de l’orientation était bien trop déboussolé pour la situer un temps soit peu. Cela faisait plus d’une quinzaine de minutes qu’ils se déplaçaient ainsi, en quête de l’appartement du grand homme, quand ils stoppèrent soudainement la marche. Riny chercha pourquoi, puis elle vit ces trois homme, qui empressés, s’avançaient rapidement vers eux. Elle put constater qu’ils portaient tous trois une chemise blanche, comme des médecins. Les deux premiers, jeunes mais légèrement inquiétants, escortaient probablement le troisième qui lui, ressortait distinctement des deux autres. Il était plus vieux, cinquante ans au moins, et singulièrement laid, d’après Riny. Ses longs cheveux bruns striés de mèches grises le prouvaient et derrière ses lunettes, il avait l’air complètement myope. Aussi, son dos courbé par l’avant, les rides qui marquaient son vieux visage et le sourire macabre qui étirait ses lèvres le rendaient très peu attirant. Il se maintenait fermement à l’aide d’une canne en bois qui le vieillissait d’autant plus. Le vieillard réajusta ses lunettes sur son nez et leva la tête vers Sephiroth, son sourire sinistre prenant de l’ampleur ainsi que l’éclat malveillant de ses yeux à demi clos. La jeune adolescente, aux côtés de son protecteur, frissonna lorsque la voix cassée et claironnante du vieil homme résonna à ses oreilles :

- Général, me voilà heureux de constater que vous êtes de retour! débuta-t-il. J’espère que vous me rendrez visite aussi souvent que possible et que vous me présenterez aussi cette charmante demoiselle.

À ces derniers mots, il désigna l’expatriée, qui baissa la tête, gênée. Elle n’aimait pas du tout cet homme et n’avait aucune intention de se présenter à lui. Pas plus que de lui adresser la moindre parole. Elle avait la désagréable impression qu’il était particulièrement méchant et qu’il n’hésiterait pas à bercer les plus forts de tendres mots pour obtenir ce qu’il voulait. Ce scientifique était un menteur et un manipulateur! L’Utaïenne en aurait mis sa main au feu, tellement ce profil lui sautait aux yeux. Toutefois, elle resta silencieuse et se fit toute petite, laissant l’ennuyeux loisir à Sephiroth de répondre. Celui-ci était comme figé dans du marbre, et si quelqu’un l’avait fixé depuis le début, jamais il n’aurait cru que ses lèvres eussent pu s’entrouvrir pour parler. Tseng était dans la même position, alors que Reno et Sain semblaient très mal à l’aise, ce qui ne surprit même pas Riny, qui détestait l’atmosphère tendue de l’échange.

- Tout le plaisir est pour moi, Professeur Hojo, siffla froidement le grand homme. Je suis désolé d’interrompre aussi brusquement cette conversation, mais nous devons aller nous installer à mon appartement. Cependant, si jamais vous avez des choses importantes à me signaler, appelez-moi sur mon PHS.

- Bien sûr, bien sûr! Je n’y manquerai certainement pas, très cher Général! continua le scientifique, sur un ton empreint de sarcasme.

- Je n’en doute pas une seule seconde, finit Sephiroth, la colère dans la voix.

Là-dessus, le cortège s’ébranla à nouveau, dépassa le groupe d’hommes en chemises blanches et traversa le couloir pour monter des escaliers et tourner à droite dans un corridor perpendiculaire aux marches. Celui-ci était nettement plus illuminé que les autres et un tapis rouge vif recouvrait désormais le sol de l’étage. Les murs de couleur crème et l’ascenseur vitré que l’on pouvait apercevoir à l’autre bout du passage changeait beaucoup de la sobre et ennuyante décoration des autres étages. En fait, il était facile de distinguer que l’on se trouvait dans l’aile abritant les logis des chefs et des personnalités importantes de la ShinRa. Riny aimait beaucoup la chaleur et le goût riche qui émanait de cet endroit. Les différences flagrantes qui séparaient l’aile des simple employés de celle des plus hauts gradés la frappaient, et dans un certain sens, la dégoûtait un peu. La Compagnie avait de drôles de valeurs qu’elle ne se souvenait pas avoir connues à Utaï. Même le chef de la patrie orientale, Godo Kisaragi, était au même stade d’égalité que les autres habitants de la ville. La jeune fille se sentait encore dépaysée par cette nouvelle notion qui ne s’était jamais vraiment beaucoup appliquée à sa vie d’avant. Finalement, la longue promenade jusqu’à la résidence du grand soldat cessa enfin lorsqu’ils s’arrêtèrent devant la grande porte en métal travaillé qui était l’entrée de l’appart du SOLDIER aux cheveux argentés. Du moins, c’était ce que l’adolescente en avait déduit. Sephiroth sortit une carte magnétisée de sa poche et la passa dans une serrure. Un déclic se fit entendre et le grand soldat entra, ainsi que les quatre autres, dans l’appartement. Celui-ci était très grand et sobrement décorés, bien que ce fut avec un certain goût. Tout juste après le hall, on pouvait apercevoir le salon illuminé par une fenêtre immense. Les Turks déposèrent les bagages et furent rapidement congédiés d’un geste de la main de leur supérieur. Avant de quitter, Reno lança un gentil clin d’œil à Riny et Sain lui donna une douloureuse et large claque sur l’épaule, la faisant chanceler. Elle les salua en retour puis marcha à la suite de Tseng, après avoir ôté ses chaussures. La résidence normale du général était beaucoup plus grande qu’un appartement ordinaire. Après le hall, le salon se présentait, adjacent à la cuisine et à la salle à manger. Plus loin, il y avait un court couloir contenant deux chambres et une salle d’eau de bonne taille. Le tout était de couleurs sombres mais élégantes comme le marine, le pourpre et le marron clair. Le plancher était en latte de bois, sauf la cuisine, dont le carrelage était en céramique. La jeune Utaïenne se rendit à la chambre qu’elle jugea être la sienne à cause des grands espaces vides s’y trouvant et commença à défaire ses sacs de voyage. Cette pièce était semblable à celle de l’autre maison, ce qui ne la dépaysa pas beaucoup. Débutant par entreposer son linge dans les nombreux tiroirs de la commode, la jolie réfugiée écoutant distraitement Tseng et son protecteur discuter dans la cuisine.

CHAPITRE 15 PART 2


- Sacré Hojo! Tu as vu comment il lorgnait la gamine? On aurait dit un prédateur se préparant à dévorer sa proie. Tu devrais faire attention, Seph. Tu sais comment il est. Il n’hésiterait pas une seconde à faire souffrir le plus jeune des enfants pour atteindre ses objectifs, témoigna calmement la voix du bras droit du chef des Turks.

L’adolescente se figea.

- C’est à moi que tu dis ça, Tseng? Si quelqu’un connaît bien ce malade, c’est moi! Je l’ai enduré pendant seize ans de temps, à me faire empoisonner la vie par ses expériences cinglées qui n’avaient ni queues ni têtes. Il sait qu’il n’a plus aucun pouvoir sur moi, et je n’irai pas le voir, pas plus que je lui présenterai Riny, répliqua tout aussi froidement l’autre.

- Dans un cas comme dans l’autre, ses machinations ne cesseront que lorsqu’il sera mort, et même là, je suis sûr qu’il continuera de nous embêter. Protège toi et ne brise pas de limites car il pourrait décider demain matin qu’il veut nous muter avec des chocobos pour la simple et bonne raison qu’il est le premier scientifique de la ShinRa.
Il y eut un lourd silence qui plana quelques instants, puis la voix de Sephiroth se fit claire.

- Il a bien trop peur de Masamune pour oser poser la main sur qui que ce soit, et s’il essaie de manipuler la fille, il sait parfaitement qu’il n’y aura aucune pitié ou pardon pour lui. Et s’il essaie de nous jouer un mauvais coup dans le dos, je le tuerai sans hésiter.

Ses paroles tintées de colère résonnèrent longuement aux oreilles de Riny, qui frissonna en comprenant à quel point son ressentiment instinctif envers Hojo était partagé et plus encore par son protecteur. Elle entendit Tseng sortir, ou du moins ses pas s’éloigner lentement, leur bruit s’estompant peu à peu. Terminant de ranger la pile de chandails – dont la moitié appartenait anciennement à Elena – l’expatriée s’assit sur son lit, comme elle en avait souvent l’habitude. Elle regrettait amèrement l’absence de fenêtre dans sa nouvelle chambre. Le simple fait de se perdre en regardant dehors, cette sensation de vide floue, de rêve pure et irréel, elle la pleurait presque. Rêver faisait partie des seuls loisirs que l’Utaïenne pouvait se permettre depuis sa captivité. Car oui, elle considérait la claustration que la ShinRa lui imposait pour sa « protection », comme un emprisonnement à perpétuité. Puis, après s’être convaincue de cette réalité et de la fourberie de la compagnie, elle en avait conclu que Sephiroth était son geôlier et qu’elle en était prisonnière. Maintenant qu’elle n’avait plus son mobile, Riny n’avait plus rien à faire, à part lire ou regarder la télé, choses qu’elle n’avait pas toujours envie de faire. Quand serait-elle libre de partir, de vivre en liberté? Elle espérait que le jour annonçant sa libération était proche. Mais les Utaïens lui en voulaient encore beaucoup, alors qu’elle n’avait rien fait! Et quelles étaient ces informations qu’elle était sensée savoir? La fille esseulée n’en avait pas la moindre idée. Puis, ses pensées se fixèrent sur une personne à qui elle avait très rarement pensé ce dernier mois : son frère Meiji. Lui, qui était SOLDIER, la comprendrait et saurait comment l’aider. Il était le seul qui lui restait réellement, le seul membre de sa famille qui vivait encore. Ce grand frère qui, lorsqu’elle était petite, la surprotégeait. Celui qui la traînait partout, que ce soit pour jouer au football avec ses copains ou pour errer dans les rues tôt le matin. Meiji… Il s’était peut-être égaré au Cratère Nord, ne donnant plus aucun signal radio… Était-il mort lui aussi? L’avait-il abandonnée à son tour? La jeune fille se demanda réellement si elle voulait savoir la vérité. Lorsque tante Sora lui avait annoncé la disparition de son frère, elle n’était pas sûre s’il était vivant ou mort, et n’avait pas eu le temps de faire son deuil que le soir même, on l’agressait violemment pour la balancer dans un monde nouveau. Si Meiji était mort, ça ne valait pas la peine de le savoir et l’adolescente ne supporterait pas la nouvelle, mais si c’était le contraire, oserait-elle quand même enquêter? Sephiroth savait-il quelque chose, ou bien…? Meiji ne l’aurait pas laissée seule à elle-même, elle le sentait. De plus, il ne se serait pas perdu, lui qui avait un sens de l’orientation et une débrouillardise extraordinaires. Il était là quelque part, peut-être même dans la même ville ou le même bâtiment qu’elle, se demandant si sa petite sœur pensait à lui et l’aimait toujours. Ou peut-être s’était-il ligné contre elle, comme les autres Utaïens? Non, lui, il n’était pas comme ça, il était là pour elle, elle en était sûre.

J'en ai pas mal rajouté ^^

un peu trop d'ailleurs...j'ai meme pas envie de lire pcq c trop long

Toi tas lu un bon bout, c juste le bout de la fin que ta pas lu

ouais lol, vas-y doucement on est pas des lecteurs professionnel XD

entk, je vais au moins essayer

désolée ^^'

Bon, je viens de tout diviser les parties en chapitres, eux memes redivisés en parties... alors prenez en note la ou vous etes rendu pour y revenir apres... maintenant c moins melant!

(Yen a qui vont etre tllm contents!)

j'suis qu'au chapitre 7 ^^'